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Bilan lecture - Avril 2022

Le mois d'avril a été un mois de lecture exceptionnel! Ce n'est pas tout de lire beaucoup comme je le fais habituellement, mais si je tiens un rythme pareil c'est aussi pour découvrir mes nouveaux livres favoris, ceux qui me font gonfler le cœur et vont m'accompagner un bon moment. Et en avril, j'en ai découvert non pas un, ni deux, mais trois! Deux d'entre eux étaient des lectures que j'attendais depuis longtemps, et le troisième s'est invité dans ma Pile à Lire un peu par hasard.


Un livre pour faire la différence, Elodie-Aude Arnolin · 2022


Après des années à souffrir d'un manque de représentation dans les media qu'elle consommait, Elodie-Aude Arnolin a fait de la représentation son cheval de bataille. Sur les réseaux sociaux, sous le pseudonyme de @labooktillaise, elle répertorie, promeut, défend les livres mettant en scène des personnages racisés et met en avant la diversité de manière globale. Dans son manifeste, elle retrace de manière limpide son parcours et ses combats, en faisant un état du paysage éditorial francophone (qui n'est pas glorieux), et surtout en proposant des solutions à tous les niveaux de la production d'un livre, depuis l'écriture jusqu'aux avis lecture sur les réseaux en passant, bien sûr, par l'édition. C'est en cela que je trouve ce livre particulièrement important : certes il faut relever ce qui ne va pas, et malheureusement les facteurs sont nombreux, mais pour que la situation s'améliore il faut donner des pistes et se donner les moyens de les suivre.


Merci @labooktillaise pour ce petit livre nécessaire qu'il faut mettre entre les mains de toute la chaîne du livre!


une main blanche tient un exemplaire du livre devant une bibliothèque.

The Golden Fool, Robin Hobb · 2002


Vous dire quoi que ce soit sur l'intrigue de ce tome vous gâcherait la plupart du premier épisode de la trilogie Tawny Man, donc je ne le ferai pas. Mais le livre est suffisamment riche pour pouvoir discuter de certains thèmes sans se référer à l'histoire. Parmi d'autres, ce livre parle de pouvoir : qui le détient, à qui on devrait le confier, qui décide à qui l'accorder. Bien sûr, il n'y a pas de réponse facile, et notre héros, Fitz, ne cesse de commettre des erreurs parce que sa magie est à la fois sa force et sa plus grande faiblesse. Je trouve que c'est une idée vraiment fascinante à explorer dans un roman de fantasy. Au-delà de ça, alors que l'entourage de Fitz lui demande constamment de passer à l'acte et d'aider ceux à qui il a juré fidélité, il se trouve empêtré dans une guirlande de préjugés qui rendent la lecture parfois inconfortable, en particulier quand on a l'impression d'un pas en arrière par rapport aux tomes précédents. Je n'y vois pas un défaut dans l'écriture, plutôt une preuve que Fitz est très réel, ses opinions sont sujettes au changement, et il évolue dans une direction qui n'est pas toujours celle que le lectorat veut parce que c'est la vie. Mais pour se faire pardonner, Hobb nous fait cadeau de passages tels que :

"You seek a false comfort when you demand that I define myself for you with words. Words do not contain or define any person. A heart can, if it is willing."

*s'évanouit de plaisir*


Rep : comme l'autrice le dit, il est difficile de poser une étiquette sur les identités des personnages. Dans ce livre, Fitz tend vers le polyamour. Il ne fait aucun doute qu'un personnage secondaire mais important est non-binaire.


CW : deuil, homophobie, préjugés, meurtre, mort d'un animal (décrite), agression sexuelle (suggérée).


une main blanche tient un exemplaire du livre devant un mur de pierre percé d'une porte en bois sombre.

The Magic Fish, Trung Lê Nguyễn · 2020


Voici un beau conte sensible, doux et à vif, qui parle d'appartenance et de coming out. Tiến est né aux Etats-Unis d'une mère vietnamienne, et il a toujours alterné entre les langues, inventant un mélange tout personnel des deux quand il échange avec sa mère. Quand vient le moment de faire son coming out, il regrette de ne pas connaître le mot "gay" en vietnamien, et se tourne vers le livre de contes de fées qu'ils lisent ensemble.


Ce roman graphique mêle merveilleusement les identités visuelles américaine et vietnamienne, en habillant les personnages de La Petite Sirène de costumes traditionnels, ou ceux de Cendrillon de robes haute-couture. La palette limitée, dans des monochromes de rouge, bleu et jaune, lie chaque histoire entrelacée sans effort. Voir Tiến interagir avec ses camarades de classe était particulièrement doux tant ils sont aimants et soucieux les uns des autres.


CW : homophobie, deuil, meurtre, intolérance religieuse, courte scène de cannibalisme.


le livre est posé sur une pile de recueils de contes de fées, par-dessus un tissu ocre.

A la Pointe de l'épée, Ellen Kushner · 1987


Dans une ville sans nom, Richard Saint-Vière promène son panache de duel en duel, épaulé par son amant Alec. Ils naviguent parmi les eaux troubles de la politique citadine, esquivant les allégeances et parant les coups fourrés.


On m'a recommandé ce livre à plusieurs reprises et je comprends sans peine l'affection qu'il suscite. C'est un roman de cape et d'épée extrêmement bien écrit, aux personnages principaux attachants et fouillés, avec le bonus d'une relation LGBTQ+ et d'une absence totale de sexisme - ce qui, pour un livre des années 1980, n'est pas une mince affaire. Je ne me suis pas particulièrement passionnée pour les intrigues politiques qui forment la plus grande partie de l'histoire, dont j'ai trouvé les personnages secondaires un peu interchangeables, mais le style riche et le duo Saint-Vière-Alec m'ont tenue jusqu'au bout.


CW : homophobie, mort d'animal, meurtre, drogue.


le livre est posé sur une chaise ancienne devant un rideau gris à motifs


Sorcières, la puissance invaincue des femmes, Mona Chollet · 2018


Y a-t-il un genre littéraire que vous explorez en particulier cette année ? Je me mets à lire des essais, chose que je ne faisais jusqu'ici que pour ma thèse. Mais je ressens le besoin de nourrir mes questionnements avec les éclaircissements de penseuses (surtout des femmes). Et grâce à la bibliothèque, je découvre la bibliographie de Mona Chollet dont chaque titre a l'air passionnant.


Sorcières, la puissance invaincue des femmes explore, comme son nom l'indique, l'image de la sorcière, non seulement à l'époque de leur chasse, mais aussi jusqu'à aujourd'hui, à travers les thèmes de l'indépendance, du non-désir d'enfant, de l'âgisme et de la relation entre l'idée de nature et l'idée de féminité. C'est un ouvrage absolument passionnant et très abordable, à la fois recherché, référencé et sincère. Étant donné les thèmes abordés, certains passages peuvent être pénibles à lire. J'ai personnellement trouvé le dernier chapitre sur les violences médicales particulièrement éprouvant, mais tellement nécessaire. Une lecture que je recommande chaudement, et qui m'encourage à poursuivre mon exploration d'essais féministes.


CW : il est question de sexisme, de harcèlement / d'agressions sexuelles, de mort d'enfants, de viol et de maltraitance médicale.


une main blanche repose sur un exemplaire du livre, le tout sur un tissu à motif floral blanc et brun.

Le Vieil Homme et son chat n'ont plus peur des chiens, Nekomaki · 2015 (2018)


Après Sorcières, j'étais en grand besoin d'une lecture mignonne et réconfortante et Le Vieil Homme et son Chat a parfaitement rempli son office. C'est un manga d'une douceur extrême, célébrant la vie au long cours, les petits plaisirs du quotidien et le respect de son entourage. Un vrai baume au cœur !


CW : deuil, mort d'un proche. Mention rapide de cancer.


le livre est posé à la verticale sur un lit couvert d'un dessus-de-lit blanc. A l'arrière-plan se repose Sencha, une chatte tigrée noire et blanche.


Tant que le café est encore chaud, Toshikazu Kawaguchi · 2015 (2021)


J'essaye régulièrement de m'attacher à la littérature japonaise. En théorie, je devrais aimer sa délicatesse, sa subtilité et les thèmes abordés par les livres que je sélectionne. Pourtant, je suis systématiquement rebutée par quelque chose d'assez indéfinissable dans le style. Je ne sais pas si c'est une question de traduction, mais je trouve souvent que le texte ne coule pas, que les constructions de phrase sont un peu scolaires ou figées. Côté narration, j'ai du mal avec le détachement que je trouve froid, et qui m'empêche de m'attacher aux personnages.


Tant que le café est encore chaud était un des livres que j'attendais avec le plus d'impatience. J'aime son cadre, j'aime l'idée au cœur de ce petit roman, d'un café dans lequel il est possible, en se conformant à des règles très strictes, de revenir dans le passé. On y découvre les parcours de quatre femmes qui ont chacune un regret et qui cherchent un apaisement dans ce procédé. En réalité, c'est plus un recueil de nouvelles ayant le même cadre, tant chaque chapitre est nettement séparé des autres, ce qui en soit ne m'a pas posé de problème.


Malheureusement je n'ai toujours pas été charmée. En le lisant, je me suis demandée ce que j'aurais pensé de la traduction anglaise, si le style y est plus fluide et les tournures de phrases plus élégantes. J'ai néanmoins apprécié la façon dont les différentes histoires étaient joliment nouées par la dernière section, et pendant un moment j'ai fait abstraction du style pour profiter des jolis sentiments dégagés par le texte.


CW : maladie d'Alzheimer, mort d'un proche.


le livre est posé sur une desserte en bois sombre, à côté d'une tasse japonaise en grès vernis irrégulier.


Loveless, Alice Oseman · 2020


Quel cadeau que ce livre!


En voilà encore un que j'aurais aimé lire plus tôt, pour comprendre des choses sur moi, mais il m'a apporté tellement de joie que je le chérirai de toute façon pendant longtemps.


Loveless nous présente Georgia, qui est finalement prête à avouer ses sentiments à son crush à la fête de fin d'année du lycée. Sauf qu'au lieu de l'expérience magique avec des papillons, une pluie d'étoiles et, à la fin, un baiser, c'est le désastre. Georgia n'est pas attirée par ce garçon très beau pour lequel elle se morfond depuis sept ans. Etait-ce une illusion? A-t-elle déjà ressentie de l'attirance pour quelqu'un? Qui est-elle?


Je n'ai pas eu les mêmes expériences que Georgia, mais nos parcours ont beaucoup de points communs, et j'ai passé mon temps entre "awwww" et grimaces d'inconfort partagé pendant tout ce livre fabuleux. Il est tellement queer et inclusif et tendre qu'il a rempli mon petit cœur d'amour. Exactement le réconfort dont j'avais besoin, avec le bonus qu'il m'a été offert par l'une de mes humaines favorites au monde.


Rep : personnage principal aro / ace, personnages secondaires lesbienne, bi, non-binaire ainsi que latina et indien.


CW : homophobie, aphobie, alcool.


une main blanche tient le livre devant un buisson aux feuilles sombres et aux petites fleurs blanches.

Le Sang de la Cité, Guillaume Chamanadjian · 2021


Prêtez-vous attention aux prix qu'un livre reçoit? J'ai appris la victoire de celui-ci au prix des Imaginales juste au moment de le terminer (il avait déjà reçu d'autres prix auparavant).


Le Sang de la Cité est d'abord un ouvrage ambitieux par son projet : c'est le premier tome d'une trilogie, Capitale du Sud, écrite en parallèle avec la trilogie Capitale du Nord, par Claire Duvivier. Je dois dire que la perspective de lire six tomes (dont trois seulement sont publiés pour le moment) m'intimidais quelque peu, mais quelques paroles choisies d'amis et une rencontre avec l'éditeur m'ont convaincue de tenter ma chance. Et grand bien m'en a pris, car Le Sang de la Cité est un livre réjouissant.


Sous des dehors de roman d'apprentissage assez classique, ce roman renferme une langue ciselée, l'atmosphère d'une ville italienne qui me faisait terriblement envie ces derniers temps, et un héros entre élu maléfique (il est découvert avec sa sœur dans un sous-sol sans que nul ne sache d'où les deux viennent) et homme du commun : Nox est employé chez Saint-Vivant, un épicier soucieux de la qualité de ses produits tout autant que de la qualité de sa clientèle. A l'occasion de ses livraisons, il parcourt la ville de Gemina dans tous les sens, et surtout les sens que les autres citadins n'empruntent pas, donnant lieu à des séquences réjouissantes de courses sur les toits. C'est justement son identité qui attire l'aventure vers Nox. Entre allégeances pas tout à fait consenties et secrets inavouables, il se faufile entre les mailles du pouvoir jusqu'à ce que le filet ne s'abatte sur lui.


J'ai beaucoup aimé suivre les aventures de Nox, héros attachant, et pas seulement parce que la moitié de son temps est consacrée à livrer des mets raffinés à la bourgeoisie locale. Il y a quelque chose de charmant dans la plume de Guillaume Chamanadjian qui incite à lire toujours quelques pages de plus, et des mystères qui tiennent en haleine, avec une juste dose de poésie et un soupçon de magie.


CW : meurtre, sang.


le livre est posé sur une chaise ancienne devant un rideau gris à motifs.


Drowned Country, Emily Tesh · 2020


Y a-t-il un livre dont vous repoussez la lecture, quelle que soit la raison?


Drowned Country est la suite de Silver in the Wood, un de mes livres préférés au monde entier. Il est sorti il y a deux ans, je m'en suis procurée un exemplaire l'an dernier, et je ne l'avais toujours pas lu. Vous savez, ce sentiment réconfortant de savoir qu'un livre qu'on est sûr.e d'aimer nous attend? Et bien c'était celui-là pour moi. Je n'étais pas pressée de le lire non plus parce qu'il n'y a pas de tome 3 et je ne voulais pas quitter ces personnages. Mais le jour de mon anniversaire je me suis offert ce plaisir, et je suis ravie d'affirmer que le livre a été à la hauteur. Comme dans Silver in the Wood, les personnages sont peu nombreux, mais laissez-moi vous dire que j'aime la nouvelle de tout mon cœur. Elle était tellement inattendue, excentrique et attachante que je n'ai fait que sourire tout du long.


Pour vous donner un brin de contexte, Silver in the Wood & Drowned Country sont deux novellas dans lesquelles on suit Tobias Finch et Henry Silver, dans l'Angleterre victorienne. L'un enquête sur la présence de créatures surnaturelles dans la réalité, et l'autre est en quelque sorte l'incarnation de ce même folklore. Leurs interactions ont largement contribué à mon appréciation du premier tome (même si j'ai également aimé tout le reste). Dans le deuxième, le décor s'étend lorsque les deux hommes sont chargés d'enquêter sur ce qui semble être un cas de vampirisme... Mais bien sûr la réalité s'avère être plus étrange que la fiction.

Ayant lu et re-lu Silver in the Wood, j'étais assez familière (et admirative) du style d'écriture de l'autrice, et j'ai trouvé qu'Emily Tesh avait encore progressé dans Drowned Country. Les tournures de phrase m'ont vraiment enchantée. L'écriture est superbe, et j'ai grand hâte du premier roman de l'autrice, annoncé comme de la science-fiction autour d'une famille trouvée, ce qui est un de mes sous-genres préférés.


Rep : personnages principaux gays.


une main blanche tient le livre au-dessus d'un tissu bordeaux.

 

Pour des avis plus fréquents sur mes lectures, je vous invite à aller faire un tour sur mon compte Instagram (il n’est pas obligatoire de s’inscrire) : https://www.instagram.com/mariebreta/.


Qu'avez-vous lu en avril?

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