Juin a été un mois un peu confus en termes de lecture. La plupart des livres que j'ai lus, que je les aie aimés ou non, ne m'ont pas particulièrement touchée, de sorte que je me suis sentie détachée de mes lectures. En revanche, les deux derniers livres du mois m'ont rappelé ce que cela faisait quand des mots agitent quelque chose au plus profond de moi.
La Main Gauche de la Nuit, d'Ursula K. Le Guin (The Left Hand of Darkness)
La Main Gauche de la Nuit raconte l'histoire de Genly Ai, un homme envoyé sur Gethen pour entrer en contact avec ses habitants. Ces derniers lui ressemblent plutôt, à une différence près - leur genre est fluide.
Ursula K. Le Guin a publié ce roman en 1969. Le lisant en 2020, je ne peux que souhaiter que plus de personnes le lisent et s'en inspirent. A travers les yeux de l'émissaire, on découvre une société dont la structure même remet la nôtre en question. A quoi ressemblerait un monde sans stéréotypes de genre? Comment les habitants se comporteraient les uns envers les autres? Au début, j'ai trouvé l'histoire difficile à suivre car c'est un monde très complexe. L'autrice décrit tout ses composants sans briser le rythme de la narration, et il m'a fallu un peu de temps pour m'y ajuster. En revanche, une fois que j'ai trouvé mes repères, j'ai été complètement fascinée et j'ai compris que c'était un roman que j'allais relire régulièrement. Il rassemble tant de réflexions sur l'autre, sur le patriotisme, l'amour, l'amitié, la société, et j'en passe. J'ai souligné un tas de passages soit pour la simple beauté de la langue, soit pour les relire plus tard et y réfléchir.
Un Chapeau de Ciel, de Terry Pratchett (A Hat Full of Sky)
J'avais acheté ce livre d'occasion il y a des années mais je l'avais encore jamais lu. Jusqu'ici je n'avais lu Terry Pratchett qu'en anglais et je craignais que son style très inventif et spirituel me complique la tâche en anglais. Finalement ça n'a pas été le cas, et je crois que je peux remercier Outlander (Le Chardon et le Tartan) pour m'avoir initiée à plusieurs accents britanniques, ce qui m'a grandement aidée à entendre les personnages parler dans ma tête.
J'ai mis du temps à comprendre que ce livre est en fait le deuxième d'une série commencée avec Les Ch'tits Hommes libres, dans lequel on rencontre l'héroïne, Tiphaine Patraque. Ca n'a pas été trop gênant non plus. J'ai vraiment apprécié le style. Plusieurs pages m'ont fait pouffer de rire, d'autres m'ont émue, mais ce n'est pas un livre qui me restera.
Gods of Jade and Shadow, de Silvia Moreno-Garcia (non traduit)
J'étais très enthousiaste en commençant ce livre : de la fantasy dans le Mexique des années 1920, mettant en scène une sorte de Cendrillon qui rencontre un dieu Maya. J'espérais une imagerie riche, et de ce côté je n'ai pas été déçue. J'ai beaucoup aimé la construction du monde et le mélange d'éléments mythologies sur fond d'Art Déco. En revanche, le reste du livre ne m'a pas ébouriffée. L'histoire en elle-même est très basique, et bien que je sois d'habitude la dernière à prévoir les rebondissements, rien ici ne m'a surprise. Je me suis presque sentie trahie en voyant arriver les clichés, que je ne détaillerai pas pour ne pas vous en dévoiler trop. L'héroïne semblait n'avoir aucune prise sur sa propre histoire, même si elle est décrite comme gagnant son indépendance.
Le style d'écriture aurait gagné à être poli, à mon avis. Plusieurs fois un prénom aurait été plus approprié qu'un pronom parce que le personnage en question n'avait pas été mentionné depuis un moment, par exemple. Le narrateur soulignait constamment ce qui se passait et les sentiments des personnages alors que les dialogues établissaient très bien cela.
En résumé, je recommande ce livre pour son bel univers et la manière dont il mêle intrigue de fantasy et mythologie Maya, mais malheureusement j'ai trouvé que l'exécution laissait à désirer.
L'Homme qui Savait la Langue des Serpents, de Andrus Kivirähk
Oh, comme je voulais aimer ce livre. Sur le papier il avait tout pour me plaire : le réalisme magique, la forêt, un style riche et un sujet intrigant.
L'Homme qui Savait la Langue des Serpents se déroule dans la forêt estonienne où nous rencontrons Leemet, le dernier homme de son espèce - il sait parler aux animaux. Leemet mène une vie tranquille dans sa petite communauté, mais son existence est menacée. Hors de la forêt, les villages s'étendent et des chevaliers et moines allemands débarquent constamment, apportant avec eux de nouveaux modes de vie et un nouvelle religion.
J'espérais être enchantée par cette lecture, mais le premier souci que j'ai eu concernait le style. J'avais constamment l'impression de lire une traduction - c'en était une, puisque je l'ai lu français ce livre de langue estonienne. Mais à mon sens, une bonne traduction ne doit pas se faire remarquer. Par exemple, je porte un amour sans fin pour le style d'écriture de Robin Hobb, et je trouve que son traducteur fait un travail remarquable. Dans ce livre-ci, certaines phrases étaient maladroites et je ne pouvais m'empêcher de me demander si cela venait du texte d'origine ou de la traduction.
Ensuite, je n'ai jamais réussi à entrer dans l'histoire. Bien souvent, un personnage ou quelque chose arrivait au moment le plus pratique. Beaucoup de retournements de situation arrivaient comme un cheveu sur la soupe, si bien que je ne croyais pas une seule seconde à ce qui se passait. Et laissez-moi vous prévenir, certaines scènes étaient si abominablement violentes que j'ai fréquemment été tentée d'abandonner ma lecture. Certaines images sont restées imprimées dans ma mémoire pendant plusieurs jours, à mon grand regret.
Je pense que ma déception est à l'aulne de mon enthousiasme quand on m'a offert ce livre. Je suis soulagée de voir qu'il a plu à beaucoup d'autres personnes, et je suis désolée de ne pas en faire partie.
milk and honey, de rupi kaur (lait et miel)
Après deux lectures décevantes, j'ai eu envie de quelque chose de complètement différent. J'ai découvert les ateliers d'écriture de rupi kaur sur Instagram un peu plus tôt cette année et j'en ai suivi récemment. Quel plaisir de me laisser guider et d'apprécier un atelier sans devoir l'organiser pour une fois! L'étape suivante a tout simplement été de me procurer l'un de ses livres.
milk and honey est un recueil très personnel de poèmes sur la vie et les relations humaines. Il aborde des sujets difficiles mais laisse également entrer la lumière. La poétesse ne prend pas de gants : elle déverse ses émotions sur la page, ajoutant ici et là de délicats dessins au trait pour renforcer ses mots. J'ai été particulièrement touchée par la première partie ainsi que la dernière, et je suis heureuse d'avoit lu quelque chose dans un genre que j'explore rarement.
La prochaine poétesse dont je voudrais avoir un livre est Mary Oliver.
Words in Deep Blue, de Cath Crowley (Le Bleu de tes Mots)
J'ai décidé en début d'année de relire un livre chaque mois, pour toutes sortes de raisons. J'ai une mémoire de poisson rouge, donc la plupart du temps c'est comme si je découvrais l'histoire pour la première fois. En plus, cela me fait économiser. Et j'ai déjà pas mal de livres sur mes étagères et dans ma liseuse.
Ce mois-ci, j'ai eu envie d'un livre contemporain. Celui-ci était une recommandation de Stefie. Je l'avais adoré la première fois, et la deuxième fois a été tout aussi magique.
Words in Deep Blue est une histoire qui vous brisera le coeur et vous le réchauffera. Il est question de deuil, d'amour, d'amitié et de livres. Rachel et Henri étaient meilleurs amis. Leur amitié se renforçait chaque jour quand Rachel a dû déménager avec sa mère et son frère. Des non-dits se sont dressés entre les deux. Pendant les trois années qu'ils ont passées loin l'un de l'autre, la vie ne les a pas épargnés. Quand Rachel revient dans sa ville natale, elle ne sais pas trop où elle en est avec Henry. De son côté, Henry travaille dans la librairie de seconde-main familiale qui est au bord de la fermeture. Est-ce que la magie de cette librairie un peu spéciale pourra les aider à se retrouver et à sauver la boutique de la ruine?
Pour des avis plus fréquents sur mes lectures, je vous invite à aller faire un tour sur mon compte Instagram (il n’est pas obligatoire de s’inscrire) : https://www.instagram.com/mariebreta/
Qu'avez-vous lu en juin?
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