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Photo du rédacteurMarie B.

Bilan lecture - Juin 2022

Juin est le Mois des Fiertés aux Etats-Unis, une tradition qui est suivie assez largement à travers le monde. L'an dernier, j'avais décidé de lire principalement des livres par des auteurs ou avec des personnages LGBTQIA+. Cette année, je n'y ai pas vraiment réfléchi, parce que c'est un objectif que je me fixe à l'année. Donc vous trouverez dans cette sélection des livres queers, oui, mais pas seulement, et non pas un mais deux nouveaux favoris!


Une Education meurtrière, Naomi Novik · 2020


Galadriel, qui se fait appeler El, est en colère. Qui ne le serait pas, quand l'école qu'elle fait de son mieux pour suivre essaye de la tuer, et que l'équivalent du prince charmant dans sa promotion ne cesse d'essayer de la sauver (et d'y réussir)? C'est la troisième année d'El à la Scholomance, et les choses prennent un tour... compliqué.


J'ai trouvé le premier tiers de ce roman vraiment puissant, intrigant et créatif (j'étais heureuse de ne pas avoir trop d'imagination visuelle parce qu'il penche parfois vers l'horreur et on sait bien comment je gère l'horreur (je ne la gère pas)). Puis il y a eu le tiers mou du milieu, où les choses se répétaient sans que l'ensemble n'avance beaucoup, avant que les affaires ne reprennent dans le dernier tiers. Je n'ai pas franchement été convaincue par le personnage "prince charmant", dont j'espérais constamment qu'il allait retourner le cliché. Dommage que ça n'arrive littéralement qu'à la dernière phrase du livre. J'ai souvent eu l'impression qu'on nous promettait des choses sans qu'elles arrivent vraiment.


Une chose que j'ai aimée, c'est la façon dont le langage est une part essentielle de l'histoire et du système de magie. La bibliothèque lunatique n'était pas mal non plus, dans un genre assez crispant. Et le concept-même d'une école qui tente de tuer ses élèves, ce qui les motive pour étudier, est, je dois l'admettre, fun. Mais dans l'ensemble, je n'ai pas été charmée par ce livre pour lequel mes attentes étaient très hautes.


Rep : PP indienne-galloise, casting entièrement international.


CW : mort, sang, micro-agressions racistes.


une liseuse montrant la couverture du roman est posée sur une pile de vieux livres, à côté d'un bouquet de fleurs séchées. Un tissu à motif occupe l'arrière-plan.

How Long 'til Black Future Month?, N. K. Jemisin · 2018


Difficile de donner un avis sur un recueil de nouvelles. Chacun des textes de celui-ci est fort, et l'autrice y adapte son style à chaque fois, ce qui m'a vraiment impressionnée. J'ai été tellement hypnotisée par la deuxième nouvelle, "The City Born Great", que les suivantes ont un peu pâti de la comparaison, mais ce recueil compte vraiment des petits bijoux. Il couvre la plupart des genres de l'imaginaire, depuis la fantasy jusqu'à la SF en passant par le fantastique avec une touche de steampunk. J'ai été particulièrement ravie de lire quelques histoires autour de la cuisine, et j'ai constamment été époustouflée par l'art de l'autrice. Après La Conquième Saison, je savais que je pouvais lui faire confiance pour de la fiction au long court, mais les nouvelles impliquent une approche radicalement différente, et tout.e romancier.ère n'est pas nouvelliste. Le recueil de N.K. Jemisin se révèle être une masterclasse du genre.


Rep : la plupart des personnages principaux soit noirs, et beaucoup sont queer.


CW : racisme, crime raciste, harcèlement, violence sexuelle, mort d'animaux... Tous les avertissements ne concernent pas toutes les histoires, et il est difficile de les répertorier alors que les textes sont si différents, donc ma liste est loin d'être exhaustive, mais ce sont à mon sens les principaux.


une liseuse montrant la couverture du livre est posée sur un calendrier ouvert à la page de juin, à côté d'un brin de roses séchées.

Le Mystère du Tramway hanté, P. Djèlí Clark · 2019 (2021)


Il ne m'a fallu que deux pages pour tomber sous le charme de ce livre. Le style de Clark est irréprochable, si riche et foisonnant sans être trop écrit. Il pointe du doigt une multitude de petits détails, toutes les nuances de son Caire steampunk et des douzaines de cultures qui font son identité.


On suit dans cette novella un duo classique formé d'un détective chevronné et d'une nouvelle recrue, qui enquête, comme le titre l'indique, sur un tramway hanté. Le Caire est en plein bouillonnement politique : ses femmes manifestent pour le droit de vote. La ville steampunk des années 1920 sous la plume de Clark est étincelante de vie et de personnages hauts en couleur. C'est une lecture rapide et profondément divertissante, dans laquelle on rencontre très brièvement l'héroïne de L'Étrange Affaire du Djinn du Caire. J'ai vraiment hâte de lire Maître des Djinn un jour et de me replonger dans cet univers! En attendant, Ring Shout (Cantique rituel) m'attend sur ma MàL (montagne à lire)...


Rep : personnages égyptiens.


CW : à part une sorte de fantôme un peu effrayant, je n'ai pas repéré d'avertissement de contenu majeur.


le livre est posé sur une table en bois sombre décorée d'un empiècement de cuir vert foncé à bordure dorée. Une main blanche aux ongles lilas tient la couverture fermée.

Les Sorcières de la République, Chloé Delaume · 2016


Quel livre étrange!


Ce roman, en partie SF, en partie fantasy, en partie fiction politique, raconte le procès d'une Sybille en 2062, jugée pour avoir pris part à l'amnésie collective décidée peu de temps après qu'un parti féministe ait remporté l'élection présidentielle française de 2017. 3 ans de trou noir, sans archives, sans souvenirs. Pourquoi une telle décision? Qu'est-ce qui a pu se passer pendant ces trois ans pour rendre l'oubli séduisant à 98% de la population?


Dans des chapitres alternant avec une journaliste commentant le procès, la Sybille nous raconte sa vie, commencée 2913 ans plus tôt, et comment le Parti du Cercle est né, portant au premier plan de la politique française les voix de sorcières des temps modernes.


Ce livre est complètement déroutant. Il mêle discours rapporté, théâtre, échanges d'emails, avec une coupure pub par-ci, par-là. Il montre des femmes (et l'autrice est très claire sur le fait que l'on parle de toutes les femmes ici, cis et trans) qui reprennent le pouvoir, mais aussi comment ce pouvoir dégringole dans le chaos. Je ne sais pas trop quoi en penser, à part que ça ne ressemble à rien que j'ai lu jusqu'ici.


CW : abus sur mineurs, sexisme, viol, cannibalisme, grossophobie.


le livre est vu du dessus. Des pivoines blanches floues le surplombent.


Les Enfants du Passé, Luce Basseterre · 2017 / 2022


Djaël écume les galaxies depuis bien trop longtemps. Ce pilote vétéran, augmenté pour échapper à l'étau des années, se contente de brèves rencontres familiales, amicales ou sensuelles pour apaiser sa solitude. Pourquoi alors se sent-il obligé d'acheter la liberté d'an esclave et de l'emmener sur son vaisseau? Et pourquoi le fils de Djaël trouve-t-il la trace génétique de son père dans le corps malmené d'un adolescent échoué à la morgue?


Fans de Becky Chambers, rassemblez-vous! Luce Basseterre nous offre avec Les Enfants du Passé un space opera à la française, profondément queer et divers, peut-être pas aussi optimiste que son homologue américaine, mais débordant tout autant de respect pour les êtres vivants quels qu'iels soient, jusqu'à le refléter dans le langage. L'usage de "an esclave" dans mon résumé n'est pas une faute de frappe, mais reflète la neutralité du langage de l'autrice, qui a publié son roman en 2017 sous une première forme, et l'a remanié à l'occasion de sa sortie en poche pour le rendre complètement inclusif. Dans son futur, c'est le neutre qui est la norme et les genres masculins/féminins les exceptions.


Je dois avouer que les pronoms et déterminants neutres, qui vont bien au-delà du "iel", m'ont demandé un temps d'adaptation, et m'ont parfois distraite de l'intrigue. Mais quel bonheur de lire un roman qui innove sur la forme pour refléter la vision du futur de l'autrice! Je me suis prise à penser, il y a quelques mois, que le futur serait non-binaire, et en trouver une incarnation aussi poussée dans ce livre me ravit.


Rep : PP noir et pansexuel.


CW : abus sur mineurs, sexe, mort d'enfants, eugénisme.


le livre est ouver sur une chaise paillée, au-dessus d'un sol en tomettes. Un tampon rouge en forme de dragon gallois a été appliqué sur la page de titre.

Dragon Keeper, Robin Hobb · 2010


Bien que je lise beaucoup de fantasy, je ne suis pas tellement attirée par les histoires de dragons. Ils me semblent toujours un peu trop parfaits et puissants à mon goût. Mais ce n'est pas le cas avec les dragons de Robin Hobb. Ce sont des créatures malades et pitoyables qui, oui, peuvent avaler un humain en un battement de cil, mais qui ont besoin des deux-jambes pour survivre. Pourtant, les humains ne les considèrent pas avec bienveillance. Et quand les dragons ne remplissent pas les rôles que leur attribuaient les légendes et les contes, quand ils sont rivés au sol et ne font que consommer des ressources précieuses, les Marchands du Désert des Pluies décident de les éloigner. Un groupe de bric et de broc est embauché pour les accompagner, composé de gens aussi indésirables que les dragons.


Ce livre ouvre la série des Cités des Anciens et nous montre une autre facette du monde inventé par Robin Hobb. Là où les aventures de Fitz étaient centrées sur l'identité, et celles des Aventuriers de la Mer autour de la liberté, je trouve que cette série parle directement de validisme (ableism), et aussi de libre arbitre. Dragon Keeper ressemble un peu aux Aventuriers dans le sens où l'on suit plusieurs narrateurices, mais ici tout le monde est regroupé au même endroit, et j'ai donc trouvé plus facile, lors de ma première lecture, de me repérer et de plonger dans l'histoire. Ce n'est pas ma série préférée de cette autrice, mais j'adore les interactions entre les personnages, et coment elle nous en fait aimer certains et détester d'autres, tout en sachant que les avis vont grandement évoluer au fil du récit. Ma préférée est sûrement la discrète érudite spécialiste des dragons...


Rep : l'un des personnages principaux est gay, mais l'atmosphère est globalement assez queer.


CW : douleur et mort d'animaux, validisme, agression sexuelle, une blessure décrite en détail, sang.


le livre est posé à l'avant d'une étagère remplie des séries de Hobb.


The Swallows, Lisa Lutz · 2019


A chaque fois que je lis un thriller, je me rappelle pourquoi je ne lis pas de thriller.


Ai-je besoin qu'on me répète que les humains sont capables des pires choses? Je n'en suis pas sûre. Ce que je sais, c'est que la prémisse de ce livre m'a intriguée : on est sur un campus américain et on suit notamment la professeure d'écriture créative. Enfin, Mme Witt a postulé comme prof de littérature, mais ses cours ont été interchangés juste avant la rentrée, donc il faut bien qu'elle se débrouille. Quand elle demande à ses élèves un portrait anonyme en quatre questions simples, elle ne s'attend pas à déterrer les secrets les plus sombres de l'école.


Je ne sais pas si c'est mon asexualité qui parle, mais j'ai trouvé très, très irritant que tous les personnages ne cessent de penser au sexe. D'accord, le consentement est un des thèmes centraux du récit, mais ce n'était pas particulièrement clair dans le résumé. Je l'ai quand même terminé parce que c'était plutôt rapide, et j'ai apprécié la révolte féministe qui s'installait, mais je ne le relirai pas. Et je me tiendrai éloignée des thrillers pendant un moment.


Enfin, je ne suis pas sûre que faire du seul personnage avec un nom asiatique la tête de classe soit particulièrement subtil. Surtout quand il n'y a aucune diversité dans le casting...


Rep : un personnage gay.


CW : microagressions sexistes, harcèlement sexuel, alcool, drogues, relations toxiques. Sont mentionnés : mort de parents, une mention de Poudlard. Avertissements qui sont aussi des spoilers : relation majeur / mineur, suicide.


le livre est ouvert, posé sur une pile de feuilles lignées. Quelques stylos sont éparpillés et un tissu à motif occupe l'arrière-plan.


La Prisonnière des Sargasses, Jean Rhys · 1966


Je ne lis pas énormément de classiques. L'école m'en a dégoûtée, et je ne vois pas comment je pourrais m'attacher plus à un livre écrit il y a cent ans qu'un écrit il y a dix ans. Pourtant, de temps en temps, un classique m'intrigue, comme avec La Prisonnière des Sargasses, qui imagine l'histoire de Bertha, la première épouse de M. Rochester dans Jane Eyre.


Pour commencer, l'introduction de ce livre était très bien écrite, et m'a aidée à tirer le maximum de ma lecture en soulignant les thèmes importants et en replaçant le livre dans son contexte. Cela m'a aussi aidée parce que j'avoue avoir un peu lutté avec la narration au début. Elle rappelle tout à fait un rêve - je ne savais pas toujours où et quand je me trouvais, ou ce qui se passait. Mais la langue était indéniablement belle, et vivante, d'une manière qui m'a poussée à continuer. Jean Rhys, l'autrice, était originaire de République Dominicaine, et elle s'est inspirée de sa culture pour en tirer des éléments de langage qui font chanter sa prose, même si je ne trouvais pas toujours le résultat facile à saisir. Au final, je me suis sentie un peu détachée de l'histoire, tout en sentant combien elle était nécessaire. On est clairement en compagnie de narrateurs peu fiables et pleins de défauts, pris au piège d'une relation pleine de défauts et peu satisfaisante.


Rep : la narratrice principale est une Créole blanche.


CW : colonisatino, feu. Mentions de mort d'un enfant et d'un parent, de relation toxique et de confinement.


Le livre est ouvert à la page de titre sur un fond sombre, près d'une boussole dorée.

 

Pour des avis plus fréquents sur mes lectures, je vous invite à aller faire un tour sur mon compte Instagram (il n’est pas obligatoire de s’inscrire) : https://www.instagram.com/mariebreta/.


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