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Photo du rédacteurMarie B.

Bilan lecture - Mai 2023

Chose promise, chose due, j'ai réitéré le défi #LisonsCettePal pour le mois de mai, ce qui m'a permis de lire huit livres de ma PàL (dont deux que je venais de recevoir). Cela va sans dire que c'est ridicule de se mettre autant de pression, mais j'ai quand même bien profité de mes lectures, et je n'ai eu aucune déception car je m'attendais à ne pas aimer les deux livres que je n'ai effectivement pas aimés. Et j'ai réussi à dénicher un nouveau favori! Donc le contrat est rempli.

Pour rappel, voici les catégories de mon défi qui consiste à lire les livres qui attendent sagement sur notre table de nuit / étagère / chariot à livres.


une photo très sombre montrant une pile de livres la tranche en avant, sur laquelle est superposée un texte en lettres blanches déclinant le titre du défi et les catégories.


Sirem et l'oiseau maudit, Yasmine Djebel · 2023


À l'abri des murs de son jardin de papier, Sirem est apprentie auprès de son père adoptif Ziri. Les tâches sont répétitives mais rien ne plaît plus à la jeune femme que de se perdre dans les livres, peut-être pour oublier le passé tragique qui l'a portée jusqu'aux portes de la ville où elle est toujours perçue comme une étrangère, sans toutefois partager la vie misérable de ses congénères. Quand son monde s'effondre et que Sirem passe un pacte avec un oiseau doué de parole, elle va devoir cesser de se cacher, prendre son destin en main et affronter son passé.


Sous les abords relativement classiques d'une quête menée par un petit groupe hétéroclite, Yasmine Djebel nous réserve un conte aux parfums nord-africains inspiré de la culture amazigh. Ici, les tatouages ont un sens profond et une multitude de détails ravissent les sens : les étoffes brodées, les repas parfumés, le sable et la chaleur. Il est facile de se laisser embarquer aux côtés de Sirem et de sa mauvaise troupe dont chaque membre est attachant, à commencer par l'âne placide (pensez Bill le poney). Les mystères planent, certains se laissant deviner à mi-chemin, d'autres jalousement gardés jusqu'à la fin, le tout servi par une plume qui allié élégance et efficacité et qui m'a rappelé Christelle Dabos dans sa beauté sans fioritures. Un superbe roman pour ados qui se déguste à tout âge.


une liseuse montrant la couverture du livre est posée sur un tapis à motifs beige et rose.

Toute une moitié du monde, Alice Zeniter · 2022


Cet essai fait suite à Je suis une fille sans histoire, petit pamphlet sur la place des femmes en littérature, que j'avais découvert en janvier et que j'avais aimé mais qui m'avait laissée sur ma faim. Ici, on a bien plus à se mettre sous la dent, notamment en termes de l'expérience de l'autrice. Elle aborde nombre de sujets qui font grincer des dents mais qui sont soutenus par son expérience personnelle de femme, et d’autant plus de femme racisée, dans le paysage littéraire français.


Même quand elle aborde des notions de narratologie ou de critique littéraire, Alice Zeniter reste très lisible, grâce à son style oral et ses notes de bas de page souvent humoristiques. Comme tous les essais, je ne l’ai pas absorbé en une seule lecture ; il me faudra y revenir pour saisir avec plus de nuance tout ce que l’autrice développe ici, mais je me suis souvent trouvée à hocher la tête pendant ma lecture


Une main blanche tient un exemplaire du livre au sein d’un buisson à fleurs blanches tacheté de lumière.

Au Paradis des manuscrits refusés, Irving Finkel · 1997 (2016)


Ce roman au parfum tellement British nous raconte les més(aventures) de la Bibliothèque des Refusés, une vénérable institution qui accueille tous les manuscrits ayant essuyé un refus auprès d'un éditeur. Entre espionnage de son homologue américain, visite des inspecteurs de la sécurité au travail ou don difficile à classer, on ne s'ennuie pas au fil de ce récit épisodique et plein d'humour qui soulève quelques questions sur la légitimité des auteurices et l'industrie du livre. La galerie de personnages hauts en couleur n'épargne personne, mais aucun ne manque de loyauté quand il s'agit de défendre la Bibliothèque par des moyens plus ou moins légaux. Ce livre ne me laissera pas de souvenir impérissable, mais c’est une lecture distrayante pour une bonne dose d'esprit anglais.


CW : sexisme.


Une main blanche tend un exemplaire du livre, dont la couverture montre l’illustration minimaliste d’une bibliothèque remplie de livres colorés, devant une bibliothèque pas franchement minimaliste.

Le Maître des Tempêtes, L’Autre tome 2, Pierre Bottero · 2007


Pierre Bottero ne laisse aucun temps mort à Nathan et Shaé. À peine remis de leurs aventures du premier tome et les voilà face à la deuxième facette d'un ennemi aux trois visages. Leurs capacités surhumaines les tireront-elles d'affaire ?


Cette dernière question est plutôt accessoire, tant le suspense est mince quand les protagonistes sont si puissants que Nathan et Shaé, quand bien même les ennemis sont toujours plus puissants et toujours plus féroces eux aussi. Seule la résolution a apporté une touche d'originalité bienvenue à ce roman ado mené tambour battant. Plus qu'un tome !


CW : épidémie, violence, mort d'animaux.


Une liseuse montrant la couverture du livre est posée sur une courtepointe blanche.


La Huitième Porte, L’Autre tome 3, Pierre Bottero · 2007


C'est une histoire en apparence assez différente qui s'ouvre avec les premières pages de ce troisième tome de L'Autre. Une coupure nette le sépare des précédents, sans toutefois que l'on s'éloigne de l'histoire d'un garçon aux capacités surnaturelles qui doit accomplir une quête a priori impossible, mais sur le chemin de laquelle il va être aidé et accompagné, parfois à son insu.


Les premiers chapitres de ce tome ont ravivé mon intérêt vacillante pour cette trilogie, mais on retombe très vite dans les tropes de l'auteur, à savoir un protagoniste si puissant que j'en perds toute empathie pour lui, des péripéties qui s'enchaînent à toute vitesse, un manichéisme qui ne laisse pas de place à la nuance et un deus ex machina inséré au chausse-pied dont le mystère n'est pas très épais pour qui a lu d'autres livres de l'auteur. J'ai failli surligner les descriptions de personnages féminins au cours de la trilogie pour vérifier mon intuition, déjà assez forte dans La Quête et Les Mondes d'Ewilan, mais j'ai bien l'impression qu'elles sont toutes décrites avec le même adjectif, "sensuelles", quand bien même l'histoire est racontée du point de vue d'un garçon de neuf ans…


Une liseuse montrant la couverture du livre est posée sur une chaise cannée au-dessus d’un sol de tomettes.

Le Prince cruel, Holly Black · 2018


La vie de Jude aurait pu s’arrêter le même jour que celle de ses parents. Mais par un cruel tour du sort, elle est enlevée par le meurtrier de ses parents et amenée à Domelfe où elle se débrouille pour grandir comme elle peut. En attendant le jour de sa vengeance.


L’attente était réelle pour ce livre. J’y avais été insensible quand il était paru et que bookstagram s’était enflammé d’enthousiasme, mais lorsque le mois dernier, Le Prince Cruel est revenu sur le devant de la scène je me suis dit qu’il était temps de me faire mon opinion. Et je suis désolée de dire que ce roman n’a pas fonctionné avec moi. Je suis contente qu’il soit si aimé, et je vois en partie pourquoi. Mais je n’ai jamais ressenti d’empathie envers les personnages et leurs motivations, et je ne me suis jamais sentie transportée par l’atmosphère. Il s’avère finalement que mon manque d’intérêt pour le livre quand il est sorti, était justifié? Qui l’eût cru?


CW : mort de parents, harcèlement, meurtre, suicide.


Le livre est posé sur un tissu à motifs aux tons chauds. Un brin de roses séchées est posé sur lui.


Kerhoded, Hélène Néra · 2023


Kerhoded est une ville pétrie de contradictions, entre refuge et intolérance, entre lumière et ombres des complots et des secrets. Réva s’y trouve entre deux mondes, issue d’une population immigrée et victime de xénophobie, mais prise par une patricienne sous son aile et élevée dans les hautes sphères de la Cité. De nombreux rouages tournent sans qu’elle en soit consciente, et quand elle est envoyée avec un groupe armé pour enquêter sur la disparition d’une délégation loin des murs protecteurs de Kerhoded, qui sait ce qui l’attend sous les ramures de la forêt?


À nouveau, voici un roman que j’attendais avec impatience depuis sa campagne de financement participatif l’an dernier. Je me méfiais de mon propre enthousiasme, mais quel bonheur de constater qu’il a été récompensé! Hélène Néra offre avec Kerhoded un livre tout en subtilité, qui prend le temps de présenter son héroïne dans toute sa complexité, et la ville qui donne son titre au roman. Un peu trop de temps, diront les esprits chagrins, mais cela ne rend les renversements que plus savoureux. Car, sans rien divulguer de l’intrigue, Kerhoded est un livre qui ne prend pas les directions attendues, pour mon plus grand plaisir. On pense comprendre bien les enjeux, mais c’est sans compter sur la connaissance limitée que les habitants de Kerhoded ont des terres au-delà des frontières de la Cité. Le mélange des genres auquel se prête l’autrice fonctionne à merveille et aboutit à une lecture à la fois prenante et déconcertante, servie par une plume élégante et fouillée en toute fluidité.


Rep : héroïne noire sapphique, ensemble de personnages racisés.


Les avertissements suivants sont disponibles à la fin du livre : racisme, maltraitance infantile, morts brutales et meurtres, sang, sexisme, effondrement écologique, forêt oppressante. Je tiens à dire que tout est extrêmement bien amené, et qu’il n’y a pas de scène proprement choquante.


Une main blanche tient le livre devant un buisson à feuilles sombres. La couverture montre deux visages de femmes noires émergeant d’une plante.

Giovanni's Room (La Chambre de Giovanni), James Baldwin · 1957


Ce roman bien connu et très aimé raconte l’histoire de David, un américain à Paris dans les années 1950, et notamment sa relation avec Giovanni, à une époque hypocrite où l’amour queer n’est pas toléré mais se déploie partout dans la capitale. Il est difficile de ne pas succomber à la prose lyrique de Baldwin et à l’aisance avec laquelle il partage une expérience de l’humanité. David n’est certainement pas parfait (sa relation avec le genre féminin a ses zones d’ombre, pour ne pas dire autre chose), mais son humanité brille à travers chaque page et sonne très vrai.


J’ai été surprise de lire que les deux personnages principaux étaient blancs, alors que je croyais jusqu’ici que Baldwin traitait de l’intersection entre les identités racisée et queer, mais je sais qu’il a de nombreux autres livres à explorer, et La Chambre de Giovanni n’est certainement pas le dernier que je lis de sa plume.


Rep : personnages homosexuels blancs.


CW : classicisme, homophobie, sexisme, pensées suicidaires, mort.


Le livre est ouvert à la page de titre et repose sur un tissu noir et blanc à larges fleurs.


La Cité du savoir, Nadia Coste · 2023


Sur la petite île d’Hiklion, Sophia et Théo sont les meilleurs amis du monde. Ils ont une dizaine d’années et commencent à dessiner leur avenir. Pour Sophia, il s’étend sur l’île de Philopolis, où se dressent les murs blancs et les coupoles bleues de l’Université. Pour y parvenir, il faut passer un terrible examen dont l’échec est synonyme d’un sort pire que la mort. Le frère de Théo l’a subi, et bien qu’il soit rentré chez lui, sa vie n’est plus la même. Alors Théo est prêt à tout pour sauver Sophia, quitte à braver tous les dangers. Mais Sophia veut-elle être sauvée?


Voilà un roman ado qui fleure bon le soleil et l’huile d’olive. Je ne crois pas avoir lu un roman inspiré de la Grèce qui ne soit pas une réécriture de mythe, même si on est ici dans une Antiquité réinventée où les influences grecques et romaines se mêlent. Le principe de la magie, portée par les mots, était fait pour attirer mon attention : je suis ravie d’avoir pu lire ce roman en avant-première grâce à NetGalley et Scrineo.


J’ai passé un agréable moment sur les îles de la mer Irémia, à me laisser bercer par la voix de la conteuse qui met l’histoire en abyme et révèle juste ce qu’il faut de la suite pour titiller la curiosité et faire tourner les pages un peu plus vite. La relation entre Sophia et Théo m’a particulièrement enchantée dans son absence de romance : enfin un roman ado dans lequel un garçon et une fille peuvent être liés par une amitié profonde sans qu’elle n’évolue en relation amoureuse! J’ai simplement trouvé leur maturité un peu étonnante pour des enfants de 10 et 11 ans, mais c’est une réflexion que je me fais très souvent dans les romans ados (Six of Crows je te regarde) donc je ne me suis pas attardée là-dessus. J’étais de toute façon bien occupée à suivre les aventures de nos deux protagonistes, leurs émotions et leurs dilemmes. Si certains passages m’ont semblé un tantinet longuet et répétitif, je conçois sans peine que cela reflète les pensées qui tournent parfois en rond dans la tête des personnages.


Le parcours des deux amis est touchant, et sans trop révéler l’intrigue, j’ai aimé les questions que cela posait, notamment sur l’autorité et la légitimité.


Je suis mal placée pour juger de la représentation du handicap, mais je serai curieuse d’avoir l’avis d’une personne plus au fait. J’ai l’impression que ce pan de l’histoire aurait mérité plus de nuance car les répétitions insistantes sur le fait que ce sort est pire que la mort, et le traitement réservé aux personnes touchées, m’ont personnellement dérangées.


La Cité du savoir est sorti le 25 mai chez Scrinéo, et je le conseille si vous avez envie d’une aventure dépaysante dans un cadre méditerranée, avec une touche de dark academia et de renversement du pouvoir.


CW : validisme, classisme.


Une liseuse montrant la couverture du livre est posée contre une rangée de vieux livres reliés de cuir.

Raybearer, Jordan Ifueko · 2020


Cachée derrière les murs d’une forteresse que personne d’autre que ses habitants peuvent voir, Tarisai grandit en manque de l’amour de sa mère. La Dame est souvent sur la route et ses visites à sa fille sont toujours courtes. Elle est en revanche déterminée à ce que Tarisai se construise un futur à sa hauteur. C’est pourquoi elle l’envoie à la capitale avec la mission de tuer un garçon tout en prenant part à une compétition. Tarisai découvre rapidement que la série d’épreuves qui se tient en compagnie du prince est destinée à choisir les membres de son conseil privé. Elle doit y participer, comme les autres. Mais lorsqu’elle rencontre le prince, une terrible volonté de meurtre prend possession d’elle. Tarisai a trouvé la cible de sa mère.


Prêt.e.s pour une aventure haletante menée par des personnages attachants sur un continent inspiré de l’Afrique? Raybearer tendait plus vers le roman ado qu’adulte, mais je n’ai pas eu le temps de m’en étonner tant je me suis laissée embarquer et tant Jordan Ifueko m’a tenue sur des charbons ardents. Le roman défile à un rythme aussi rapide que les tambours qui résonnent au loin où que Tarisai se trouve, et pourtant il ne perd jamais de vue les personnages et leurs cheminements émotionnels. J’ai adoré le groupe des protagonistes et le monde flamboyant, et bien que les révélations finales aient été un peu rapides à mon goût, elles sonnaient toutes justes et se sont agencées proprement, comme les pièces d’un puzzle.

Rep : personnages polyamoureux, personnage asexuel.


CW : incendie, relation familiale toxique, description de blessure, meurtre, maltraitance d’enfants.



Le livre, posé sur un bureau en bois sombre et cuir vert, est capturé dans un rayon de soleil intense.


L’été de la sorcière, Nashiki Kaho · 2017 (2021)


C’est le début de l’année scolaire, mais Mai est paralysée par une phobie scolaire. Ses parents l’envoient passer quelques semaines avec sa grand-mère anglais, dans la campagne japonaise.


Ce court roman, dont les premières pages évoquent l’installation de Mei et Satsuki dans Mon Voisin Totoro, a le charme des réalisations du Studio Ghibli mais aussi l’amertume qui s’immisce dans certains de ces dessins animés. Car on sait que la parenthèse enchantée que Mei vit avec sa grand-mère n’est pas destinée à durer. C’est quand même l’enchantement qui se dégage de ce roman à travers les yeux de Mai qui observe avec appétit tout ce qui l’entoure, entre le poulailler où elle collecte les œufs et le sentier qui mène à son petit coin rien qu’à elle, bordé de fraises des bois.


J’ai adoré ce livre qui m’a rappelé Le Livre d’un été de Tove Jansson, dans lequel on passe aussi quelques semaines avec une petite fille et sa grand-mère. Les deux se répondent sur bien des aspects et combleront les envies de légèreté douce-amère au creux de l’hiver ou à l’approche de l’été.


CW : mort d’animaux, décès de proches.


Une main blanche tient une liseuse montrant la couverture du livre devant un buisson à feuilles sombres et à bourgeons roses.


 

Pour des avis plus fréquents sur mes lectures, je vous invite à aller faire un tour sur mon compte Instagram (il n’est pas obligatoire de s’inscrire) : https://www.instagram.com/mariebrunelm/.


Qu'avez-vous lu en mai ?

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1 Comment


Bon ben ma PAL vient encore de s'allonger suite à ton article ! J'ai bien envie de lire Raybearer et L'été de la sorcière ! Et j'ai hâte d'entamer Kherroded (oui j'ai réussi à lui résister le temps de finir les bouquins que j'avais empruntés à la bibli !)


Mon mois de mai était plutôt cool niveau lecture puisque j'ai ENFIN mis la main sur Le Masque Tombe de Samantha Shannon (il a mis une éternité à arriver à la bibliothèque), et sinon j'ai également lu Le prix du sang de Sabaa Tahir (et appris que le 4e tome de la saga ne serait a priori pas traduit...), Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles (pour préparer une soirée quizz),…


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