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Bilan lecture - Mars 2021

Les jours se sont suivis et se sont ressemblés en mars, mais heureusement j'ai pu voyager à l'autre bout du monde et même au-delà grâce à mes lectures. Je suis particulièrement contente de la diversité de la moisson de mars, même si je n'ai pas eu d'immense coup de coeur.


Le Violon noir, de Maxence Fermine · 1999


Dans ce tout petit roman, plutôt une novella, l'auteur retrace le destin de deux hommes possédé par la musique : l'un est violoniste, l'autre luthier. Le premier rêve de composer un opéra de génie. Le rêve du second s'incarne dans un violon noir capable de reproduire la plus belle voix qu'il lui ait été donné d'entendre.


Le style de Maxence Fermine est délicat, précis et sans ostentation. Il va droit au but, esquissant des scènes aussi rapidement qu'elles s'effacent. Il reste de ce texte une impression diffuse mais agréable, grâce au mélange subtil d'une touche de fantastique dans cette fiction historique.


une copie du livre devant une étagère où sont rangés des livres dont on ne voit que les pages, pas les tranches.

Tolkien, Race and Cultural History, de Dr Dimitra Fimi · 2008/2009


Je lis peu d'essais en-dehors du sujet de ma thèse (les illustrations pour J.R.R. Tolkien). Celui-ci n'aborde pas spécifiquement le thème de l'illustration, mais il est fondamental pour toute recherche concernant l'auteur du Seigneur des Anneaux, et il était temps que je le lise.


Ce livre replace J.R.R. Tolkien dans le contexte culturel de son temps. Dr Fimi explore les thèmes du folklore, des langues, et la relation entre histoire et mythologie de manière délicieusement accessible. Elle suit une démarche strictement académique, tout en rendant le résultat plaisant  lire grâce à la simplicité avec laquelle elle présente toutes sortes de considérations passionnantes. Bien que j'ai commencé ma thèse il y a quatre ans et demi (gasp), il m'arrive encore d'avoir du mal avec certains essais ou articles, surtout écrits en français, dont j'ai du mal à saisir l'essentiel (certain.e.s universitaires français.e.s aiment dissimuler leur pensée derrière des grands mots et des formulations verbeuses). Au contraire, ce livre m'a donné l'impression que le Dr Fimi me présentait ses idées au cours d'une conversation. Après avoir lu quantité d'articles sur J.R.R. Tolkien, je comprends maintenant à quel point nombre d'entre eux sont inspirés par ce livre. Je dirais que c'est un excellent point de départ pour quiconque souhaite lire des ouvrages académiques sur J.R.R. Tolkien.


un exemplaire du livre est posé à la verticale devant une étagère sur le thème de Tolkien, et une broderie montrant l'entrée d'une maison de Hobbit.

The Perilous Life of Jade Yeo, de Zen Cho · 2012


Jade, ou plutôt Geok Huay, est une jeune femme chinoise qui gagne sa vie dans le Londres multiculturel des années 1920 en écrivant des rubriques dans des magazines "pour femmes" et des chroniques littéraires. Un jour, son chemin croise celui de l'auteur célèbre du moment dont elle vient juste de descendre le livre en flammes...


Cette novella était pleine d'entrain, avec un casting divers (à la fois en termes d'origine et d'orientation sexuelle). La narratrice raconte ses aventures dans son journals, et ses propos pleins d'humour m'ont rappelé I Capture the Castle (un livre que j'adore). Une chose m'a en revanche vraiment rebutée, et je préfère prévenir : une scène de sexe très graphique. Etant donné la nature rétrospective du récit, j'aurais aimé que la narratrice ajoute un petit peu de contexte plutôt que de la jeter à la figure des lecteurs. A part cela, il y avait des dynamiques savoureuses entre les personnages, et un nombre impressionnant de thèmes abordés dans un histoire si rapide, y compris une distinction entre l'attraction romantique et l'attraction sexuelle qui était tout à fait la bienvenue.


Rep : personnage principal chinois, personnage secondaire indien, personnage secondaire lesbien.


CW : contenu sexuel, troubles mentaux, possible agression sexuelle (selon l'interprétation).


une liseuse affichant la couverture du livre est posée sur une chaise cannée ancienne, devant des rideaux bleu-gris.

Le Retour du Roi, de J.R.R. Tolkien · 1955


Certaines choses ne changent pas. Cette fin me brise toujours le cœur.

Ces mots de Gandalf ont particulièrement résonné en moi à cette lecture :

"Le courage, à présent, sera votre meilleure défense contre la tempête qui approche – le courage, et le peu d’espoir que j’apporte."
une édition en un volume du Seigneur des Anneaux sur un lit, avec un chat qui dort à côté.


The Bone People (Les Hommes du long nuage blanc), de Keri Hulme · 1984


J'ai commencé à rédiger un synopsis de ce livre, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt sur l'atmosphère. Comment décrire quelque chose de si sombre, mais aussi si poétique et si quotidien? The Bone People est un livre insidieux. Il commence de manière lyrique, attire son lectorat par la voix tout à fait unique de son autrice, et laisse la noirceur s'infiltrer lentement jusqu'à ce qu'on ne puisse s'arrêter de lire tout en étant de plus en plus mal à l'aise face à ce que l'on découvre. C'est un livre absolument déchirant. Il tourne principalement autour de la relation entre ses trois personnages principaux - Kerewin Holmes l'artiste recluse, le garçon qui s'introduit chez elle et brise la bulle de son petit monde, et Joe, le père du garçon, capable d'un immense amour paternel et d'une insoutenable violence. Les trois humains gravitent les uns autour des autres, restant à bonne distance ou s'approchant dangereusement. La culture Maori de l'autrice brille à travers chaque phrase, ajoutant un éclat ici, une profondeur là.


Rep : personnage principal aromantique / asexuel.

CW : maltraitance d'enfant, pensées suicidaires, troubles mentaux, alcoolisme. Mentions de cannibalisme et de cancer.


🖼️ ID: une copie du livre avec, en fond, des piles de livres dont les tranches sont tournées vers l'arrière.


L'Imprudence, de Loo Hui Phang · 2020


Ce court roman d'une grande sensibilité trace le portrait que sa narratrice sans nom livre à son frère. La dimension autobiographique ne semble jamais loin, tant le parcours de Loo Hui Phang fait écho à celui de son personnage tiraillé entre le Vietnam, le Laos et la France, où elle n'est jamais tout à fait à sa place. Trop Vietnamienne pour être française, trop Européenne pour être Vietnamienne, elle explore les différentes facettes d'elle-même, à commencer par son rapport à son corps, et surtout son corps dans les relations éphémères qu'elle tisse avec des inconnus. Elle se met en scène, observant ses ébats avec un détachement qui est moins froid qu'il ne le laisse penser au premier abord, et qui évite l'écueil du voyeurisme qui menace constamment. C'est également le rapport à sa famille que la narratrice explore, à l'occasion d'un rare voyage dans la ville de son enfance. Là, elle est confrontée une fois de plus à l'espace semble-t-il infranchissable entre les fragments qui la composent. 


Malgré l'omniprésence des réflexions autour du sexe, qui d'ordinaire me rebutent, j'ai trouvé ce roman très subtil. La plume délicate de l'autrice se déploie au fil des pages, se chargeant de plus en plus d'émotions à mesure qu'elle rassemble autour d'elle ses différentes identités et s'en pare comme d'un manteau. Dans n'importe quel autre roman, la façon que la narratrice a de se définir par le regard que les hommes portent sur elle m'aurait exaspérée, mais ici j'en garde surtout l'impression d'un portrait en creux et en reliefs qui explore toutes les nuances d'une personnalité tiraillée. La narratrice ne se contente pas d'une contemplation nombriliste, car elle se fait aussi l'écho de l'histoire coloniale de ses trois pays et de l'empreinte indélébile que la France a posé sur des territoires et des corps.


CW : sexual content, racism, death of a parent, grief, cancer (mention).


le livre sur une liseuse est posé sur une couverture et Sencha, à côté, regarde vers le haut.

Il est juste que les forts soient frappés, de Thibault Bérard · 2020


CW: ce livre parle de mort et de cancer.


Voilà un livre qui s'annonce dès la première page. Sa narratrice, Sarah, est morte et nous raconte ses dernières années.


S'il y a bien un type d'histoire qui me fait pleurer presqu'à chaque fois, c'est les histoires d'hôpitaux. Celles qui fauchent les malades dans la fleur de l'âge, contre lesquelles ils se révoltent et s'arc-boutent. "Il est juste que les forts soient frappés" est de ces histoires, et je le savais en l'ouvrant. Ce n'est pas un œuvre que j'aurais lu s'il n'avait pas été dans la liste du concours de ma bibliothèque municipale. Inconsciemment, j'ai dû décider dès le début que je ne m'impliquerais pas émotionnellement dans ces personnages, sachant où le récit les menait. Mais finalement, ça n'a pas été si difficile, car je pense qu'en plus de ma carapace ce livre ne m'a pas touché autant qu'il aurait pu.


Son style, tout d'abord, est assez oral, ce qui n'est pas particulièrement de mon goût. Ensuite, j'ai trouvé qu'il manquait assez de subtilité. En sous-texte, il est plein d'abléisme et d'hétéronormativité, des mots que je ne connaissais pas il y a un an mais que j'apprends à reconnaître quand je les croise. Ces insinuations qu'il y a les forts d'un côté et les faibles de l'autre, ce que Théo, le compagnon de la narratrice, répète avec condescendance, comme une armure contre le chagrin. Que toute relation est forcément hétéro et qu'elle débouche forcément sur la constitution d'une famille de carte postale avec enfants. Que ce n'est pas grave si Théo trompe sa compagne malade parce que, vous pensez, il est bien malheureux. Je ne sais pas si c'est ma propre armure contre un récit tiré-larmes qui m'a fait réagir comme ça et voir des problèmes là où il n'y en a peut-être pas. Je pense que je n'aurais pas lu ce livre s'il ne s'était pas trouvé dans la sélection de la médiathèque, et que ça aurait peut-être été aussi bien.


CW : capacitisme, cancer, mort, deuil, infidélité, contenu médical, pensées suicidaires, maladie terminale.


une liseuse montrant la couverture du livre repose sur une table.


Le Guide galactique, de Douglas Adams · 1979 (1982)


Dans ma quête littéraire de découverte de la science-fiction, je ne pouvais pas passer à côté du premier tome de la série culte de Douglas Adams. Malheureusement, ce livre n'était pas pour moi. J'aime bien l'humour absurde à petite dose, mais s'il n'est pas soutenu par des personnages attachants ou une prose agréable, je me lasse vite. Je pense qu'une grande partie du problème que j'ai rencontré vient de la traduction. Je sentais bien que le texte original était un défi à traduire, et je ne jette certainement pas le blâme sur le traducteur parce que l'humour est certainement, avec la poésie la chose la plus difficile à passer d'une langue à l'autre.


Au suivant!


CW : je n'ai pas remarqué que ce livre nécessitait un avertissement particulier, donc j'espère ne pas me tromper en disant qu'il est inoffensif!


le livre est posé sur une couverture sombre. Des lettres de Scrabble épellent les mots "hitchhiker", "guide" et "galaxy" car le titre en anglais est "The Hitchhiker's Guide to the Galaxy".


L'Adieu au Roi : Chansons pour J.R.R. Tolkien, édité par Martin Greenberg · 1992


J'ai toujours vu ce poche vintage sur les étagères familiales. Personne ne sait exactement comment il est arrivé là. Le nom "Tolkien" est probablement un indice, bien que ce livre ait peu à voir avec lui au-delà de l'introduction, courte mais bien écrite, de Jane Yolen. Et c'est l'un des deux reproches principaux que je fais à ce recueil. On dirait que la maison d'édition avait tellement peur de publier un recueil de nouvelles qu'elle a mis le noms de J.R.R. Tolkien sur la couverture. Certaines histoires jouent avec des thèmes tolkieniens, la plupart n'ont que le genre de la fantasy en commun. J'ai beaucoup aimé celle de Terry Pratchett, et une ou deux autres étaient plaisantes, mais la plupart des autres étaient outrageusement sexistes, au point que la lecture ne m'a pas apporté une grande joie.


CW : mention de viol et de suicide dans la suite de ma chronique. Je n'ai continué à lire que dans l'espoir que chaque histoire suivante soit meilleure que la précédente. Par exemple, c'est la première fois que je lisais Stephen Donaldson, mais il ne m'a pas beaucoup impressionnée. J'espère sincèrement que j'ai raté quelque chose, parce que voir le personnage qui incarne l'héroïsme dans son histoire demander à une femme victime de viol pourquoi elle ne s'est pas suicidée m'a profondément, profondément choquée, et encore plus quand rien ne vient contredire ce personnage (masculin, est-il besoin de le préciser?) dans la suite de l'histoire. Ce passage a clairement entaché le reste du recueil à mes yeux. Plusieurs autres nouvelles montraient un sexisme latent, avec des personnages féminins (quand il y en avait) systématiquement en charge des enfants dans un groupe, ou attendant qu'on les sauve. Enfin, la plupart des histoires ne faisaient pas preuve de beaucoup d'originalité!


Bref, voilà un livre qui ne prendra pas de place dans la bibliothèque plus longtemps.

Une liseuse montrant la couverture du livre est posée sur un meuble en bois à côté d'un bouquet de fleurs séchées, avec un tissu aux tons chauds à l'arrière-plan.
 

Pour des avis plus fréquents sur mes lectures, je vous invite à aller faire un tour sur mon compte Instagram (il n’est pas obligatoire de s’inscrire) : https://www.instagram.com/mariebreta/


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