Novembre était le dernier mois du Pumpkin Autumn Challenge (voir ma pile à lire ici), et j'en ai profité pour lire plein de livres qui me faisaient très envie, et qui m'ont récompensée en devenant des coups de cœur.
Le Plongeur, Stéphane Larue · 2016
Ce livre est très, très éloignée de ma zone de confort, mais étant donné qu'il m'avait été personnellement recommandé, je n'ai pas hésité.
On est plongé à Montréal, où l'on suit un personnage essentiellement anonyme qui survit de salaire en salaire, quand il ne les fait pas disparaître dans les machines à sous.
Ce livre est ébouriffant. Il est bruyant et vibrant et ahurissant. La prose m'a saisie en quelques phrases et ne m'a pas lâchée, ce qui a rendu le livre facile à lire bien que ce ne soit pas un livre facile en terme de sujet. J'ai beaucoup apprécié la langue, remplie d'expressions québécoises que je n'ai pas toujours comprises mais qui contribuaient à l'atmosphère globale. Je n'ai pas particulièrement ressenti de compassion pour les personnages, et pourtant j'ai été hypnotisée par ce livre que je n'ai pas lâché, avec une sorte de fascination horrifiée. Si vous n'avez pas peur de livres sombres et si vous cherchez un peu de littérature blanche "pour changer", je vous recommande celui-ci. Et en plus, il est parfait pour le défi #NoHypeNovember parce que je n'en avais littéralement jamais entendu parler avant que Gersande ne me le recommande. Merci à toi!
CW : addiction, plusieurs formes de violence.
Plain Bad Heroines, Emily M. Danforth · 2020
Plain Bad Heroins m'avait été recommandé par plusieurs ami.e.s Instagram. Il s'accompagnait de tant d'attentes que je me méfiais. Mais quel délice de constater au bout de quelques dizaines de pages, que les attentes étaient justifiées!
Ce roman suit deux temporalités où des femmes dans des relations sapphiques se trouvent prises au piège des toiles tissées par un livre et des morts qu'il semble susciter. En 1902, trois élèves sont retrouvées mortes dans une école de jeunes filles. La cause semble en être une attaque de guêpes, mais l'obsession morbide des victimes pour le journal de Mary MacLane jette une ombre sur cette explication trop simple. De nos jours, entre Hollywood et Rhode Island, une écrivaine et deux actrices se trouvent embringuées dans un projet de film... avec un twist.
Ce roman est un festival de relations sapphiques, de mystères, avec une touche de dark academia et une narratrice très sarcastique. C'est une histoire typique du fantastique, dans le sens où certains évènements sont révélés comme étant des mises en scène, tandis que d'autres restent inexpliqués. Il y a quelques éléments horrifiques qui m'ont donné la chair de poule, mais bien que je sois l'emblème de la Nation des Poules Mouillées, j'ai survécu sans problème à ma lecture (un seul rêve à déclarer, et pas trop horrifique).
J'ai adoré chaque page de Plain Bad Heroins, et savouré ma lecture dans cette superbe édition trouvée d'occasion, avec plein d'illustrations. Un nouveau favori!
Rep : protagonistes lesbiennes et bi.
CW : toutes sortes de morts (par piqûre, par suicide), deuil, coming out forcé, violence sexuelle, vomi.
L'éveil des sorcières, Cordelia · 2021
Après la brique qu'était Plain bad Heroines, j'ai voulu une lecture courte et relativement mignonne, donc j'ai choisi ce livre jeunesse qui s'est révélé court et... relativement mignon, mais aussi profond.
L'Eveil des Sorcières s'ouvre quand Nora, collégienne, déclenche un tremblement de terre dans le couloir de son collège. Enfin, elle est presque sure que c'est elle. Mais c'est possible, ça, de déclencher des tremblements de terre? Eh bien, si on est une sorcière, oui! Mais que faire de ces nouveaux pouvoirs? Et si Nora en profitait pour mettre fin à l'horrible jeu auquel se prêtent certains garçons qui se croient tout permis?
D'une trame assez simple, Cordélia a tiré un court roman efficace, entraînant, avec des personnages attachants et un message très pédagogique sans être lourd. A mettre en toutes les mains!
Rep : héroïne grosse avec deux papas, dont un d'origine Mexicaine-Américaine. Personnage secondaire sourd.
CW : harcèlement, sexisme, grossophobie, mentions d'Harry Potter.
The Weight of the Stars, K. Ancrum · 2019
Ce livre m'a attirée parce que j'avais senti un énorme potentiel dans la nouvelle (gratuite) de K. Ancrum, The Legend of the Golden Raven. Même après avoir lu le résumé de The Weight of the Stars, je croyais que c'était de la science-fiction alors que c'est bien plus de la littérature contemporaine avec une petite touche de SF. Mais c'est principalement un livre qui regorge d'émotions.
Ryann Bird est ce qu'on appelle une élève difficile. De l'extérieur, elle n'a pas l'air de se soucier de grand chose, à part de la bande de jeunes un peu à part qu'elle a rassemblés et sur lesquels elle veille férocement. C'est là qu'une nouvelle élève débarque. Alexandria est la personne la plus en colère que Ryann ait jamais recontré, alors bien sûr, dette dernière accepte de garder un œil sur Alexandria. Elle ne s'attendait pas à ce que la nouvelle tende tout son être vers les étoiles autant que Ryann.
Ce livre passe de l'obscurité à la lumière et revient à une obscurité mêlée de scintillement. On ne peut s'empêcher de s'attacher à cette famille trouvée qui ne rentre pas dans les cases, et espérer de tout son cœur que l'histoire se termine bien pour elle. C'est un roman qui le lit tout seul parce que les chapitres sont si courts qu'on se dit constamment "un de plus", tout en sachant que la probabilité d'avoir le cœur fendillé augmente à chaque page. Surtout quand l'histoire commence à prendre une atmosphère à la Interstellar (désolée pour celleux qui détestent ce film, il me fait pleurer à chaque fois). Et l'émotion ne cesse de croître jusqu'à ce qu'à la fin je me retrouve avec des yeux très humides, ce qui est assez rare pour être noté.
Rep : personnage principal bi, personnage secondaire noire, autre perso mutique, et tout un casting de personnages divers & queer.
CW : harcèlement, mort de parents (des avertissements très spécifiques sont disponibles sur le site de l'autrice ici).
Terre du Milieu : sur les traces d'un mythe, Donato Giancola · 2014
Donato Giancola n'est peut-être pas un membre de la Trinité (les trois artistes publiés par HarperCollins depuis les années 1990 - Alan Lee, John Howe, Ted Nasmith), mais son art est tout aussi enchanteur. Son éducation classique donne à ses œuvres une impression de peinture d'histoire : certaines pourraient avoir été peintes il y a des siècles, ce qui est un compliment. Mais elles se démarquent également par un point de vue original, ou l'expression poignante d'un personnage. Son livre présente un large panel de tableaux et de croquis, ces derniers des dessins au crayon sur papier brun avec rehauts de blanc, c'est-à-dire mon type de dessin préféré car la vie et le dynamisme qui s'en dégagent sont inégalés. Giancola est vraiment un maître et bien que le livre soit limité en terme de texte, ses images parlent d'elles-mêmes.
Fool's Quest, Robin Hobb · 2015
Jusqu'à quel point un personnage peut endurer souffrance et déchirement? Ce tome est un des plus sombres de tout l'univers des Royaumes des Anciens par Robin Hobb. Fool's Quest est le deuxième tome de la trilogie Fitz & le Fou, la dernière trilogie si vous lisez tout chronologiquement (retrouvez mon guide de lecture ici). L'autrice y noue ensemble de nombreux fils tissés au cours de ses romans précédents. Je ne divulguerai pas les détails de ce tome. Il me suffit de vous dire qu'au moment où Fitz pensait toucher le fond, Robin Hobb trouve moyen de le faire souffrir un peu plus. Mais il ne s'agit pas ici de grands sentiments et d'héroïsme. On est face à un homme vieilli, perclus de regrets et qui tente de réparer le mal qu'il a peut-être causé. Comme les autres romans de l'autrice, l'histoire avance avec une lenteur d'agonie, et pourtant ce serait trahison que de précipiter le récit des peines de Fitz.
Rep : personnages secondaires genderfluid / non binaires.
CW : TOUS les avertissements, mais en particulier douleur et mort d'animaux, viol et harcèlement sexuel, torture, gaslighting, drogue.
Elatsoe, Darcie Little Badger (illustré par Rovina Cai) · 2020
Quelle histoire douce! Elle n'est pas sans sa noirceur, mais elle est aussi pleine de lumière et servie par une superbe édition.
Elatsoe, plus connue sous le nom d'Ellie, défend férocement la vie sous toutes ses formes. Son meilleur ami Kirby est un chien fantôme qu'elle peut appeler sans presque y réfléchir. Ses liens avec le monde souterrain se limitaient jusqu'alors au jeu avec lui, mais un jour Kirby est pris d'angoisse et le cousin d'Ellie, autochtone comme elle, est retrouvé mort à l'autre bout du Texas. Ellie est déterminée à faire tout ce qui est en son pouvoir pour lui rendre justice.
Cette aventure d'urban fantasy YA est charmante malgré les thèmes sombres qu'elle aborde. Je l'attendais avec beaucoup d'impatience, mais sa réputation s'est révélée parfaitement justifiée et j'ai adoré suivre Ellie et Kirby dans leur quête. Cette édition a une couverture et de superbes en-têtes de chapitres dessinés par Rovina Cai, et les pages sont coupées irrégulièrement, ce qui les rend toutes douces sous les doigts.
Rep : héroïne asexuelle et aromantique, racisée, Lipan Apache.
CW : mort d'animaux (très bien traité), racisme, meurtre, deuil, mort, colonisation.
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