Octobre a été un mois en demi-teinte. L'une de mes lectures a frôlé le coup de cœur avant de me décevoir, pour des raisons que vous découvrirez ci-dessous. J'ai en revanche reçu avec joie la nouvelle édition des Contes et légendes inachevés de J.R.R. Tolkien que j'avais pré-commandé quelques mois auparavant. J'achète rarement un livre à sa sortie, mais je ne pouvais pas résister à celui-là!
Dracula, de Bram Stoker (1897)
Je pense que c'est inutile de présenter ce roman à la renommée mondiale. Il a cristallisé une image du vampire qui inspire toujours des histoires aujourd'hui, et pourtant dans sa forme c'est vraiment un livre du 19e : de longues descriptions, un rythme lent (j'ai trouvé le 3e quart du livre particulièrement ennuyeux) et un sexisme éhonté. Certain.e.s diront que c'était une autre époque, mais il y avait des féministes à l'époque de Bram Stoker.
Pendant toute la chasse au Comte Dracula, j'ai été épuisée de lire que les femmes étaient présentées comme des enfants et des choses fragiles. La seule fois où l'une d'entre elles a cessé de se pâmer en espérant qu'un homme fort s'occupe d'elle, il a fallu la tuer. Il ne faudrait quand même pas que des femmes agissent d'elles-mêmes... (ironie)
Je dois dire que j'ai de plus en plus de mal à apprécier ce qu'on appelle des "classiques" qui certes, ont contribué à former la littérature et la culture populaire d'aujourd'hui, mais qu'il faut approcher avec un regard critique plutôt qu'une admiration aveugle. J'ai d'autant plus hâte de me plonger dans des relectures modernes de la légende, comme par exemple la version d'Elizabeth Kostova.
La Légende de Sleepy Hollow, de Washington Irving (1820)
Si vous avez envie de littérature gothique du 19e sans vous sentir d'attaque pour un tome dodu comme Dracula, laissez-moi vous suggérer cette nouvelle de Washington Irving. Elle est courte et plutôt amusante, et l'adaptation par Disney est remarquablement fidèle si ma mémoire ne me fait pas défaut (sans le paragraphe raciste, mais tout aussi sexiste, j'en ai peur).
Cette histoire se passe dans une paisible petite vallée de la région de New York, à l'automne. On y rencontre un maître d'école pittoresque (et son canasson), qui explore les légendes locales tout en essayant de séduire la belle du coin.
Franklin's Flying Bookshop, de Jen Campbell
Ce livre charmant raconte l'histoire de Franklin, un dragon bibliophile qui adorerait discuter littérature avec ses voisins. Malheureusement, ceux-ci le considèrent comme une menace potentielle plutôt qu'un ami potentiel.
C'est un livre très agréable à lire à haute voix (attention aux virelangues) grâce aux jeux sur les sonorités. J'adore aussi les illustrations de Katie Harnett, tout en finesse et en couleurs automnales.
Je l'avoue : j'ai acheté ce livre pour mes neveux mais je ne leur ai jamais offert (tante indigne).
Le Temps n'est rien (The Time Traveler's Wife), d'Audrey Niffenegger
Ce livre m'a fait vivre des montagnes russes. J'ai eu les larmes aux yeux après trois pages, j'ai cru avoir trouvé un nouveau livre préféré, j'en ai dévoré la plus grande partie, jusqu'à une scène vers la fin que j'ai détestée de toute mon âme. Je me suis sentie trahie. Après ça, les derniers chapitres m'ont laissé un goût amer, d'autant que je ne comprenais plus les choix narratifs. Mais la fin m'a réservé quelques scènes superbes. Aaaaaah je n'arrive pas à me décider.
Le Temps n'est rien (en anglais "l'épouse du voyageur de temps") raconte l'histoire d'Henry et de Clare, qui se rencontrent quand Clare a 6 ans et Henry 36, se marient quand elle a 22 ans et lui 30. Comme le titre fait plus que le suggérer, Henri est atteint d'un trouble de chrono-déplacement, qui l'arrache à son présent et l'envoie pour une minute, une heure ou une journée à une autre période de sa vie. La première section du livre est un kaléidoscope de scènes qui ont l'air de s'empiler dans le désordre mais qui font écho aux expériences d'Henry, perdu au sein de sa propre chronologie. La plus grande partie du livre est relativement chronologique ; en tout cas, on suit plus ou moins la chronologie de Clare à travers leurs deux points de vue.
Il y a des scènes belles à briser le cœur, nichées entre les pages de ce livre, mais aussi d'autres qui m'ont profondément dérangées.
Contes et légendes inachevés, de J.R.R. Tolkien, édité par Christopher Tolkien
Les Contes et Légendes inachevés ont été publiés pour la première fois en 1980 : Christopher Tolkien y rassemble des manuscrits inédits de son père, J.R.R. Tolkien, qui éclairent des sujets chers aux fans de la Terre du Milieu (Gandalf! Númenor! les Palantíri!). On le considère parfois comme le volume zéro de l'Histoire de la Terre du Milieu. Quarante ans plus tard, le voilà qui ressort dans une nouvelle édition, illustrée par Alan Lee, John Howe et Ted Nasmith. Je lui consacre une introduction sur mon blog de thèse ici (cliquez).
Pour des avis plus fréquents sur mes lectures, je vous invite à aller faire un tour sur mon compte Instagram (il n’est pas obligatoire de s’inscrire) : https://www.instagram.com/mariebreta/
Qu'avez-vous lu en octobre?
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