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Photo du rédacteurMarie B.

Bilan lecture - Novembre 2021

Après un mois d'octobre riche en belles découvertes mais pauvre en diversité, j'ai voulu rectifier le tir en novembre et j'en suis plutôt contente!


La Cheffe, roman d'une cuisinière, de Marie Ndiaye · 2016


Dans ma quête de livres tournant autour de la gastronomie, j'ai emprunté ce roman français racontant le parcours d'une cheffe fictive. En réalité, Marie Ndiaye raconte tout autant le personnage de la Cheffe que celui du narrateur, un de ses employés qui nourrissait une passion amoureuse non réciproque pour elle. Il se raconte, et la raconte, dans le format d'un entretien, comme si les lecteurices tenaient le micro et posaient les questions (non relayées dans le texte). C'est donc un long monologue qui est donné à lire, entrecoupé de scènes narrées que j'ai eu du mal à placer en contexte tant elles diffèrent du reste.


Plus que le portrait d'une cheffe, le livre donne à voir l'image qu'en a cet homme qui a recueilli plusieurs semaines durant les confidences de sa supérieure lorsqu'ils travaillaient ensemble dans son restaurant. Cela passe par de nombreuses et longues digressions, comme un flux de pensée, servi par des phrases parfois longues d'une demi-page, dans lesquelles je me perdais souvent et devais revenir en arrière pour comprendre leur structure. Outre les portraits psychologiques que j'ai trouvé bien brossés, j'ai eu du mal avec la prose : le format du monologue / de l'entretien appelait à mon humble avis un style plus oral, tandis qu'ici il était très écrit.


Rep : personnage asexuel & aromantique? Les termes ne sont pas utilisés mais plusieurs formulations laissent peu de doute.


CW : nourriture, grossophobie, relation mère-fille toxique.


le livre est posé debout sur une étagère de bibliothèque, avec des fleurs séchées au premier plan et des piles de livres à l'arrière.

Sylve-Dôme, de Jessica Motron · 2021


Dans un futur où les créatures magiques ont été éradiquées de la surface de la Terre, Priam se morfond. Lui qui enseigne l'histoire donnerait beaucoup pour échanger son quotidien gris et terne contre une respiration. Quand sa sœur lui offre un Sylve-Dôme, il reçoit avec gratitude ce petit morceau de verdure en circuit fermé. Mais c'est sans compter son neveu chahuteur, dont les facéties vont emporter Priam et le garçon à l'intérieur même du Sylve-Dôme.


Chroniquer un texte que l'on a connu sous différentes formes n'est pas la meilleure garantie d'objectivité, mais j'ai passé un excellent moment en compagnie de Priam sous les ramures changeantes du Sylve-Dôme. Pour quelqu'un qui souffre d'un manque d'imagination visuelle, je n'ai eu aucun problème à visualiser l'univers haut en couleurs déployé par Jessica. J'ai aimé les dynamiques entre ses personnages, et sa façon de retourner les clichés manichéens pour apporter de la profondeur à une aventure un peu rocambolesque.


Merci à Jessica de m'avoir accordé sa confiance et permis de lire Sylve-Dôme à plusieurs étapes de sa conception. C'est un privilège d'avoir suivi l'évolution de l'histoire au fil des réécritures, et je peux témoigner qu'elle atteint là sa version la plus aboutie! Merci à L'Alsacienne indépendante de m'avoir offert ce livre pour que j'en fasse la chronique. Mon avis reste le mien.


une liseuse montrant la couverture du livre est placée à la verticale sur une étagère à côté d'une pilea dans un grand pot blanc. Des piles de livres sont visibles à l'arrière-plan.

Seule en sa demeure, de Cécile Coulon · 2021


Niché au coeur d'une forêt de pins à l'odeur entêtante, le domaine des Marchère attend sa nouvelle maîtresse. La jeune Aimée vient d'épouser le propriétaire et découvre entre ses murs froids une vie d'épouse sur laquelle plane des secrets. Candre, son mari, a en effet perdu sa première femme quelques années plus tôt, le laissant sans enfants. Un parti idéal pour la jeune femme, en apparence...


Ce roman de Cécile Coulon est un hommage appuyé à deux grands classiques de la littérature anglaise : Jane Eyre et Rebecca. C'est d'ailleurs ce qui m'a attiré vers lui, tout en attisant ma méfiance : que pouvait apporter de plus l'autrice à des romans déjà si hypnotiques? Pour mon plus grand bonheur, la prose superbe de Cécile Coulon m'a immédiatement embarquée dans le Jura du 19e siècle, et j'ai suivi avec délices les variations de l'autrice sur le thème de la jeune ingénue mariée à un veuf. Elle peint des portraits puissants de personnages complexes, qui se rapprochent et se déchirent dans ce récit profondément féministe. Un vrai régal, seulement troublé par une fin beaucoup trop abrupte à mon goût (mais c'est en partie dû au fait que je ne voulais pas voir l'histoire se terminer).


CW : consentement trouble, mutilation (non décrite), deuil.


Rep : personnage queer (son orientation n'est pas définie, mais elle n'est pas hétéro).


le livre est posé sur une chaise ancienne devant un rideau gris-bleu.

Le Gourmet solitaire 孤独のグルメ, de Jirō Taniguchi et Masayuki Kusumi · 1997 (2016)


Dans une série de chapitres comme autant de plats sur un menu, le mangaka Jirō Taniguchi et le scénariste Masayuki Kusumi nous entraînent dans un voyage culinaire au Japon, dédaignant les restaurants huppés pour les repères plus traditionnels et locaux. On suit le personnage principal, un représentant de commerce discret, quand il visite des quartiers qui lui sont inconnus ou dans lesquels il n'a pas posé le pied depuis longtemps, et cherche des endroits où langer. Chaque plat est décrit en détail, considéré avec attention par le mangeur, puis dégusté avec plus ou moins de plaisir. Ce manga offre un aperçu fascinant de la cuisine et de la sociologie japonaises, assorti d'une invitation à se détendre, s'installer confortablement et à apprécier le lent passage du temps. L'expérience n'a pas été aussi satisfaisante qu'elle aurait pu l'être pour moi sachant que je n'avais jamais goûté le moindre des plats mentionnés, mais je suis sûre que le dessin soigné et les descriptions textuelles feront ressurgir de vifs souvenirs chez les lecteurices qui en ont eu l'occasion.


CW : nourriture (pas surprenant).


Le livre est posé à la verticale sur une table en bois à côté d'une tasse à thé vernie japonaise.


The Mad Ship, de Robin Hobb · 1999


Les dynamiques de pouvoir se déplacent et s'effondrent dans le deuxième tome de la trilogie (en anglais) des Aventuriers de la Mer (9 tomes en français). De nouveaux personnages sont introduits, tandis que la disparition d'autres protagonistes révèle des dangers pires que ceux qu'iels incarnaient.


La psychologie des personnages de Robin Hobb est à son apogée dans ce tome. Je pense à une en particulier que je ne peux pas supporter dans le tome 1 et que je commence à tolérer au fil de ce tome (et que je finirai par adorer à la fin du 3). Je n'ose même pas imaginer l'effort qu'a dû demander l'orchestration de ce choeur de voix magistral, mais il fonctionne. A présent que l'on est plus familier des noms et des personnages, les courants profonds de l'histoire se déplacent vers la surface, et de grands mystères s'entraperçoivent à travers les vagues.


CW : espaces confinés, agression sexuelle, esclavage, viol.


une main blanche tient un exemplaire du livre ouvert sur une couverture blanche en partie couverte par un pantalon en tweed, à côté d'une bougie.

L'Arpenteuse de Rêves, d'Estelle Faye · 2021


Myri est une Arpenteuse. Ou du moins elle l'était avant de renoncer à son don, celui de visiter les rêves des dormeurs autour d'elle. Depuis, elle vit de débrouille dans les bas quartiers de Claren, où elle a rassemblé autour d'elle une famille de laissés-pour-compte. Mais alors que la pollution menace les fondements de la ville, et que des fantômes apparaissent et terrorisent les habitants, il est temps pour Myri de replonger dans les songes et d'y trouver sa voie.


Le dernier roman jeunesse d'Estelle Faye est une fois de plus une réussite pour moi. J'aurai lu un grand nombre de ses livres en 2021, avec un immense favori à la clé (Les Nuages de Magellan), et plein de belles découvertes (Un Reflet de Lune, Alduin et Léna). L'Arpenteuse de Rêves fait clairement partie de cette dernière catégorie. Les personnages y sont nombreux mais chacun a sa voix et son histoire. Les péripéties s'enchaînent sans temps mort, dans un rythme qui m'a rappelé Un Eclat de Givre. Les thèmes sont également proches d'Un Eclat de Givre : la ville omniprésente, le personnage principal en fuite, et surtout en fuite d'iel-même, les créatures aquatiques, le théâtre (au sens propre et figuré), etc.


Enfin, mais non des moindres, je suis absolument sous le charme de cette couverture.


Rep : personnage principal lesbien, personnage secondaire noir.


CW : mort d'un proche.


une main blanche tient un exemplaire du livre contre un fond sombre.

Le Nexus du Docteur Erdmann, de Nancy Kress · 2008 (2016)


Le Docteur Erdmann est un scientifique pas tout à fait à la retraite, qui enseigne à l'université quand il ne reste pas dans sa résidence médialisée. La première fois qu'il fait une crise qui ressemble à une crise cardiaque sans en être une, il la met sur le compte de son grand âge. Mais quand cela se reproduit, et semble toucher les autres résidents, il commence à penser que quelque chose d'autre se trame.


Cette novella teintée de science-fiction et de fantastique se déroule dans une résidence médicalisée où, pour une fois, l'aventure touche des personnes âgées. Elle m'a rappelée un peu les sections dans la maison de retraite de Cloud Atlas de David Mitchell - un éventail de caractères bien trempés confrontés à une situation menaçante, mais ici le problème ne vient pas du fait que l'équipe soignante ne les croit pas ou ne les aide pas. On sait dès le début que la cause n'est pas seulement médicale, et le mystère plane. Et la fin peut être lue de manière assez différente en fonction de son état d'esprit : une métaphore du deuil, une exploration science-fictionnelle de la conscience, etc.


CW: grossophobie, violence domestique.


une main blanche aux ongles vernis tient un exemplaire du livre devant un buisson vert foncé.


 

Pour des avis plus fréquents sur mes lectures, je vous invite à aller faire un tour sur mon compte Instagram (il n’est pas obligatoire de s’inscrire) : https://www.instagram.com/mariebreta/.


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