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Photo du rédacteurMarie B.

Bilan lecture - Décembre 2020


En décembre, j'ai enfin pris des vacances, ce qui n'était pas arrivé depuis un peu trop longtemps. J'en ai profité pour (surprise!) lire beaucoup, notamment des formats courts ou jeunesse qui m'ont grandement reposée après une lecture très exigeante mais passionnante avec laquelle j'avais commencé le mois.


Les Luminaires, d'Eleanor Catton · 2013


En 1866, Walter Moody débarque en Nouvelle-Zélande. A peine arrivé, il est mêlé à une réunion secrète dont les membres discutent une série d'évènements étranges : un homme a été retrouvé mort dans sa cabane isolée, et une "dame de la nuit" s'est évanouie en pleine rue. Les deux évènements, d'apparence sans lien, dissimulent un réseau souterrain de loyauté et de trahisons sur fond de ruée vers l'or au pays du long nuage blanc.


Ce volume dodu (un peu plus de 800 pages dans mon édition de poche) m'a été recommandé par Ceallaigh, à qui je me fie désormais les yeux fermés. J'avoue avoir été intimidée quand il est arrivé dans ma boîte aux lettres (je ne m'attendais pas à un tel volume), et les premières pages m'ont encore plus intimidée avec leur prose foisonnante dans l'esprit du 19e siècle, mais oh la la, le voyage a valu l'effort.


Eleanor Catton est tout simplement une magicienne. Elle peut écrire un livre complètement immergé dans la culture du 19e siècle tout en lui donnant une atmosphère moderne. La première moitié du livre est incroyablement lente, dans le bon sens du terme. L'autrice prend son temps pour dessiner des portraits tout en finesse et en détails de ses personnages et des relations entre eux.


J'admets que j'étais vraiment perdue pendant la majeure partie du livre, mais d'une part j'ai toujours du mal avec les histoires chorales, et d'autre part j'ai quand même fini ce livre de 800 pages sans suivre grand chose du scénario, donc c'est un bon signe que l'écriture en elle-même est suffisamment solide pour avoir capté mon attention tout du long.


Les derniers chapitres se sont révélés très émouvants et surprenants : ils étaient écrits d'une manière très différente du reste, mais ils closent le récit très joliment. Je comprends maintenant les éloges que ce livre a reçu (c'est le vainqueur du Booker Prize en 2013!)



The Legend of the Golden Raven, de K. Ancrum · 2017


C'est difficile de donner son avis sur des novellas (de tous petits romans / des longues nouvelles) car on risque vite d'en dire trop et de gâcher la surprise. J'ai choisi celle-ci comme introduction à The Wicker King (Rois de cendres), un livre que j'espère lire en 2021. Je voulais un avant-goût du style de K. Ancrum et cette novella gratuite était exactement ce qu'il me fallait. Oui, vous avez bien lu, elle est gratuite!


Elle m'a convaincue que K. Ancrum créait une imagerie superbe à travers des mots simples. Elle tisse tant de créativité dans son écriture que parfois j'étais un peu perdue, mais c'était principalement dû au format de la novella et sûrement au fait que je n'avais pas encore rencontré les personnages de The Wicker King. J'ai très hâte de lire un roman dans lequel K. Ancrum a un peu plus d'espace pour explorer son imaginaire.

A lire si vous cherchez un mélange court mais intense de roman contemporain, de mythe et de fantastique, avec une belle représentation LGBTQ+. Que demander de plus?



Le Projet Barnabus, par the Fan Brothers · 2020


Envie d'un livre jeunesse un peu glauque?


Barnabus est une créature ratée, née dans un laboratoire sous-terrain où sont fabriquées des créatures parfaites à vendre dans la boutique à la surface. Parmi ses copains déformés, il rêve de ce qui s'étend au-delà de sa cloche.


C'est un très beau livre, avec la juste dose d'obscurité pour rendre la lumière plus brillante encore. Les tons assourdis et les jeux de lumière m'ont arrêtée à chaque page, et m'ont évoqué une texture veloutée et tactile, que le toucher du papier démentait. En bref, un conte joliment illustré sur l'imperfection, qui m'a laissée un peu triste à la fin, pas parce qu'il se termine mal, mais parce que je le trouve un peu pessimiste. En y repensant, je pense que les auteurs ont choisi une fin douce-amère qui reflète plus la vie qu'une fin guillerette.



Carmilla, de Joseph Sheridan Le Fanu · 1872


En m'aventurant sur la pointe des pieds dans le royaume des Classiques, j'ai trouvé cette novella gothique de 1872.


Elle compte une centaine de pages, au cours desquelles elle rassemble tous les éléments génériques d'un roman gothique : une héroïne innocente, un château isolé, des ruines, une mystérieuse étrangère, etc. Elle n'échappe pas aux nombreux clichés du temps : tous les personnages féminins sont beaux et la plupart sont des choses pures, les domestiques sont traités comme des meubles, le pouvoir appartient à des hommes blancs d'un certain âge, etc. Et pourtant, en choisissant Laura, l'héroïne, comme narratrice, l'auteur lui donne une voix forte et une volonté propre qui sont des plus bienvenues.


En plus, on peut tout à fait lire Carmilla comme une romance lesbienne, ce qui est plutôt original pour l'époque (mais pas unique).


Enfin, c'est une histoire de vampire 25 ans avant Bram Stoker et j'ai trouvé Carmilla beaucoup plus facile à lire, et pas seulement parce que c'était un livre beaucoup plus court. Il n'y avait aucun des monologues sans fin qui m'ont dérangée dans Dracula, et l'ambition de Laura n'était pas de se trouver un petit mari et de prendre soin de lui, contrairement à Mina.



Les Dépossédés, d'Ursula K. Le Guin · 1974 (1975)


C'est mon deuxième roman de Le Guin après La Main gauche de la nuit lu en juin dernier.


L'histoire est fondée sur le contraste entre deux sociétés, Anarres et Urras, chacune sur sa propre planète. Anarres est une société utopique, où les fondateurs ont aboli le concept de propriété privée. J'ai adoré la façon dont l'autrice explorait toutes les implications de cette idée. L'autre planète, Urras, était simplement une image de notre Terre, sans rien de particulièrement original ou changé. L'idée est pour le narrateur venu d'Anarres de regarder une société similaire à la nôtre avec les yeux de quelqu'un pour qui le concept au coeur de cette culture - le capitalisme - est complètement étranger.


Malheureusement, Les Dépossédés ne m'a pas fasciné comme le premier l'avait fait. Je l'ai trouvé très malin et philosophiquement très intéressant. Les réserves que j'ai eues ne tiennent qu'à moi et pas au livre! En premier, je ne me suis jamais vraiment attachée au personnage principal. Comme dans La Main gauche de la nuit, il était très détaché au début, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Dans La Main gauche de la nuit, j'ai trouvé très touchant d'être témoin du changement de ses opinions et de son acceptation progressive de l'Autre. Dans Les Dépossédés, je n'ai pas retrouvé cette évolution. Il m'a semblé que les opinions du personnage n'étaient pas vraiment remises en question au fil de l'histoire, seulement renforcées. Ce qui est peu dommage pour un livre aussi philosophique.


Je crains que la traduction n'ait pas aidé. Les Dépossédés est sorti en 1974, et sa traduction en français en 1975. Je l'ai trouvée assez datée, et pas aussi fluide qu'elle aurait pu l'être. Par moments, des expressions idiomatiques étaient transposées directement en français, ce qui bien sûr sonnait étrangement.


Dans l'ensemble, je dirais que c'est un livre parfait pour les personnes qui aiment la science-fiction philosophique, ou qui n'ont pas l'habitude de la science-fiction : un lectorat qui apprécie quand les concepts et les idées sont poussés aussi loin que possible dans un monde cohérent et pas trop lourd en éléments de science-fiction. Pour ma part, je préfère les histoires menées par les personnages, donc celle-ci n'était pas pour moi, mais je l'ai achetée pour un membre de ma famille qui, je pense, l'aimera.



Magnus Chase T.1, de Rick Riordan · 2015 (2016)


Une amie proche me dit depuis des années de lire Percy Jackson. Quel livre par Rick Riordan ai-je donc lu en premier? Magnus Chase, bien sûr! Je suis plutôt chaotique. Pour ma défense, je l'ai acheté pour son cadeau de Noël et je l'ai lu pour que nous puissions en discuter ensuite.


Ce livre est l'histoire enlevée de Magnus Chase, un adolescent de Boston qui vit dans la rue depuis que sa mère est décédée tragiquement dans des circonstances mystérieuses. Un jour, quand les problèmes s'empilent avec plus d'acharnement que d'habitude, il découvre qu'il est peut-être le fils d'un dieu nordique... avant de mourir horriblement. Voici son histoire.


Ce livre est un joyeux mélange d'éléments mythologiques, d'aventure et de comédie. Il allait un peu trop vite pour moi, mais c'est juste parce que je ne lis pas beaucoup de littérature YA / jeunesse. La large palette de représentation dans les personnages m'a agréablement surprise : handicap, couleur de peau, orientation sexuelle, ... Il y en a pour tout le monde, ou presque! Je ne rentrerai pas dans les détails pour ne pas divulgâcher... Ce livre est le premier d'une série, et même si je ne prévois pas de lire le reste, j'ai passé un très bon moment.



Ateliers d'écriture, de Martin Winckler · 2020


Quand le deuxième confinement a été levé (en novembre je crois) et que ma librairie préférée a réouvert, je lui ai rendu visite. A peine avais-je posé le pied à l'intérieur qu'une libraire me saluait et me mettait ce livre entre les mains en me disant qu'elle avait pensé à moi en le voyant. Lecteur, j'ai acheté le livre.


Ateliers d'écriture se divise en deux parties : dans la première, Martin Winckler propose des sujets d'écriture assez vastes, avec quelques conseils, et parle de sa propre expérience d'écriture. Dans la seconde, il présente une série de nouvelles écrites au fil des années dans des genres assez variés.


J'ai trouvé ce livre très complet et extrêmement plaisant à lire. Les sujets d'écriture en eux-mêmes m'ont peu inspirés car ils manquaient de contraintes à mon goût, mais cela les rend parfaits pour les plumes débutantes ou celles qui n'ont pas besoin de grand-chose pour se lancer.


Les nouvelles étaient toutes de grande qualité, avec des postulats originaux ou des chutes surprenantes à chaque fois, le tout dans une langue simple et très généreuse. Une belle découverte pour mon étagère d'écriture!



L'Eveil, de Kate Chopin · 1899


Je voulais finir décembre avec un livre court mais plutôt méditatif, et L'Eveil s'est révélé être parfait pour cela. C'est une histoire de vie qui s'éveille, de conscience, et d'une femme qui trouve le chemin vers elle-même. Une citation résume assez bien son esprit, je trouve :

Il voyait clairement qu’elle n’était pas elle-même. C’est-à-dire qu’il ne voyait pas qu’elle devenait elle-même, et que chaque jour elle rejetait davantage cette personnalité factice dont nous nous affublons comme d’un vêtement pour paraître aux yeux du monde.

Cette novella a été une vraie bouffée d'air frais. Elle était doucement encourageante, ce qui était parfait pour les jours sombres pendant lesquels je l'ai lue.



 

Pour des avis plus fréquents sur mes lectures, je vous invite à aller faire un tour sur mon compte Instagram (il n’est pas obligatoire de s’inscrire) : https://www.instagram.com/mariebreta/


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