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Bilan lecture - Janvier 2023

Début janvier, après les 103 livres de 2022, j'ai pris la résolution... De lire moins. Et de lire mieux. De ne pas enchaîner les volumes et de prendre un petit peu de ce temps de lecture pour le consacrer à l'écriture. Résultat, un mois plus tard? J'ai déjà lu 10 livres au lieu de la moyenne mensuelle de 5 que je m'étais fixée. Comme quoi, les résolutions ne fonctionnent pas avec moi.

Il faut dire que je me suis motivée moi-même avec un défi lecture lancé sur Instagram et dont voici le principe : lire uniquement des livres de ma Pile à Lire (ou plutôt, mon Chariot à Lire) et n'acheter aucun livre entre le 1er janvier et le 28 février. Jusqu'ici, le contrat est plutôt rempli, puisqu'il ne me reste que deux livres sur les sept que j'avais alloués au défi.


Drowned Country, Emily Tesh · 2020


Drowned Country est la suite de l'un de mes livres préférés de tous les temps, Silver in the Wood (c'est un peu comme si Jane Austen rencontrait Mythago Wood). Dans ce volume, on suit Silver l'aristocrate désœuvré plutôt que Tobias le garde-chasse taciturne, chacun n'étant plus vraiment le même qu'à la fin du premier tome. Mais Emily Tesh s'assure vite de nous faire sentir comme chez nous dans cette aventure, sans oublier de nous présenter un nouveau personnage très excitant et de nous briser le cœur tranquillement, à nouveau.


Rep : personnages gays.


une main blanche tient un exemplaire du livre au-dessus d'un tissu bordeaux.

Vicious, V.E. Schwab · 2014


Une histoire féroce de vengeance, de culpabilité et de rancœur. Victor et Eli sont la némésis l'un de l'autre, depuis qu'un enchaînement d'expériences à l'université a entraîné une mort et d'autres conséquences fâcheuses.


Ce roman, pardonnez-moi la référence, est "fast and furious". Il vous saisit et vous plonge la tête la première dans l'histoire, découpant l'action en chapitres de la taille d'une bouchée et revenant en arrière aux moments parfaits pour révéler telle information qui rend le récit encore plus intense. C'est vraiment une masterclasse de scénario et j'ai adoré la leçon.


Très tôt, on comprend que les personnages ne sont pas particulièrement attachants - ils ont beaucoup de défauts, dont le fait de se croire supérieur aux autres - mais j'étais quand même avide de savoir ce qui allait se passer, même si j'ai pris mon temps. Ce qui est une expérience bien différente des personnages peu appréciables que j'ai lus le mois dernier et qui me donnaient envie de jeter le livre par la fenêtre. Je ne sais pas très bien comment ça fonctionne, cette histoire de personnages, mais ce qui est sûr, c'est que Victor et Eli ont la classe, et qu'ils n'attendent pas que l'on se décide à leur propos. Chacun se précipite vers et loin de l'autre, et vous n'avez plus qu'à vous détendre et apprécier le voyage.


Rep : ce n'est pas mentionné dans ce tome, mais l'autrice a précisé sur les réseaux sociaux qu'Eli était bi et Victor asexuel et biromantique.


CW : drogue, alcool, tentative de suicide, auto-mutilation, meurtre (y compris celui d'un animal).


une main blanche aux ongles vernis tient ouvert un exemplaire du livre à la page de titre. Le livre est posé sur une surface de bois sombre et un tissu à motifs occupe l'arrière-plan.

Je suis une fille sans histoire, Alice Zeniter · 2021


Derrière ce titre très ironique se cache une réflexion sur une fiction qui sorte des schémas héroïques habituels, ceux qui mettent en scène un personnage extra-ordinaire aux prises avec un antagoniste dont l'affrontement se résout forcément par la violence. En bref, le récit du chasseur contre le mammouth. Alice Zeniter convoque quelques textes fondateurs de la narratologie, depuis Aristote jusqu'à Ursula K. Le Guin et vulgarise avec humour des théories parfois difficiles d'accès. Son pamphlet est un excellent point de départ, qui m'a laissée un tantinet sur ma faim puisqu'il s'arrête sur la conclusion que tire Ursula K. Le Guin dans son essai que j'avais découvert le mois dernier. Mais en me renseignant sur l'autrice, j'ai vu qu'elle a poursuivi sa réflexion dans un autre texte que j'ai ajouté à mon radar.


une main blanche tient le livre devant des étagères de bibliothèque

Fantasy Art & Studies vol. 13 : Ecole et fantasy · 2022


Fantasy Art & Studies est une revue mêlant essais académiques et fiction, qui paraît deux fois par an et consacre chaque numéro à un thème donné : l'héritage de Tolkien, les océans, la musique,... Toutes les facettes de la fantasy sont abordées au fil des numéros. Le 13ème explore celle de l'apprentissage merveilleux, ou school fantasy en bon français. Les nouvelles offrent un panel de pédagogies, d'enseignant.e.s et d'élèves, tandis que les articles s'attachent à des textes du genre plus ou moins célèbres.


J'avais hâte de lire ce numéro, et pas seulement parce que j'y publie une nouvelle (!!!). La school fantasy est en effet très proche de la Dark Academia, un sous-genre que j'affectionne tout particulièrement. J'ai ainsi beaucoup aimé l'article de sur A Deadly Education de Naomi Novik. Dans l'ensemble, j'ai presque plus apprécié les articles que les nouvelles, ce qui m'a surprise, mais cela ne veut pas dire que j'ai trouvé à redire à ces dernières. Elles sont variées et réservent quelques chutes bien trouvées.


TW : un article étudie Harry Potter.


le livre est posé à la verticale, à l'avant d'une étagère remplie de volumes de différentes tailles. Une branche d'eucalyptus est posée en équilibre contre lui.


Un thé bien fort et trois tasses (Antes do Baile Verde), Lygia Fagundes Telles · 1970 (1995)


Ce recueil de nouvelles rassemble des instantanés de gens somme toute normaux dans leur quotidien. Chaque histoire est très courte, elle ne laisse pas le temps d'approfondir le caractère du personnage ni sa vision du monde. Pour cette raison, je trouve que les nouvelles ont moins de valeur individuellement que par l'ensemble qu'elles forment : la tapisserie d'une société. On découvre les points de vue de gens de toutes sortes, des plus pauvres aux plus riches, qui ont pour point commun des préjugés qui prennent d'autant plus de place que les portraits sont rapides.


Je n'ai pas été happée par ce recueil, mais j'ai beaucoup aimé une histoire en particulier qui laisse surgir le fantastique. Étonnant, non ?


Dans l'ensemble ces histoires sont intéressantes pour la galerie de personnages qu'elle forme, mais il m'a manqué une atmosphère, un sens du lieu que la taille de chaque texte ne permettait pas d'introduire.

Et oui, c'est la couverture de ce livre qui m'a attirée.


Rep : un couple sapphique.


CW : mort d'un animal, tout le spectre des travers de l'humanité depuis des micro-agressions jusqu'au nazisme.


le livre est posé sur une table en bois. La couverture est décorée d'un motif floral avec les fausses empreintes d'une tasse de thé humide.

Piranèse, Susanna Clarke · 2020


Piranèse vit dans la Maison. C'est un Enfant de la Maison, et la Maison prend soin de lui. Piranèse vit seul dans les salles innombrabes de la Maison. Mais est-il vraiment seul?


Voilà un livre très, très charmant, qu'il est très difficile de décrire. Il s'ouvre presque comme un conte de fées, dans cette gigantesque maison remplie de statues plus grandes que nature, où Pinarèse tient méticuleusement son journal. On comprend assez vite que les choses ne sont pas telles qu'elles paraissent et que Piranèse n'est pas forcément conscient de ce qui se passe. Des choses lui semblent étranges alors qu'elles nous sont familières, ce qui crée une distorsion.


J'ai fondu pour l'innocence de Piranèse et sa capacité d'émerveillement pour tout ce qui l'entoure, et qui fait de lui le plus charmant des narrateurs à qui l'on ne peut pas faire tout à fait confiance. D'un côté je voulais que le mystère soit révélé, et de l'autre je voulais que Piranèse soit à tout prix en sécurité, dans ce monde où la vérité peut être un danger. Je ne voulais pas que ce livre se termine et j'ai pris mon temps pour le lire, ce qui n'était pas arrivé depuis un moment. J'ai l'impression qu'il a de nombreux niveaux de lecture et que je n'ai fait qu'en effleurer la surface, et pourtant l'autrice ne regarde jamais son lectorat de haut. Au contraire, elle nous titille avec plein de références malignes à des œuvres d'art et des livres, références que je n'ai pas toutes saisies mais qui s'éclairciront au fil des relectures. Ce roman est un régal à lire, et je me vois le relire plusieurs fois à l'avenir.


PS : je ne m'attendais pas à une touche de Dark Academia, mais elle était la bienvenue.


TW : mort, santé mentale, relation toxique.


Bonus : des livres peu connus qui ne ressemblent pas à Piranèse mais ont aussi un étrange charme :

  • Les Jardins statuaires, Jacques Abeille

  • La Musique du Silence, Patrick Rothfuss


le livre est ouvert à la page de titre, sur une table en bois avec un tissu à motif à l'arrière-plan.


Le Silence des Carillons, Edouard H. Blaes · 2023


Qui est Ermeline Mainterre? Lorsqu'on fait sa connaissance, elle vit chez son père inventeur, tiraillée entre son amour familial et ses aspirations. Sous la Brume qui étouffe sa vie et relègue le soleil à une légende, Ermeline veut devenir magicienne. Prêter main-forte à celles et ceux qui combattent sans relâche les Spectres et laisser une trace dans l'histoire de Tinkleham. Alors, quand Ermeline est acceptée au Beffroi, l'académie de magie et chef-lieu de la résistance magique, elle commence à toucher du doigt ses rêves. Mais combien de sacrifices vont être nécessaires pour les réaliser?


Le Silence des Carillons commence, insidieusement, de manière assez classique. Je me suis laissée emporter par le personnage d'Ermeline, qui est volontaire et fière, et prête à en découdre. Et petit à petit, le doute s'est installé. Est-ce que l'histoire prend vraiment la direction à laquelle je m'attendais? La réponse, sans spoiler, est non, et cela m'a ravie au plus haut point. J'ai lu ce roman avec quelques cartes d'écrivain en main, et j'ai exulté quand Edouard m'a dit : "tu vois ces cartes? Et bien regarde ce que j'en fais." Et sous mes yeux de lectrice, il les a déchirées pour emmener l'histoire ailleurs, de même que les personnages.


Petit conseil d'amie : ne vous attachez pas trop à elles et eux.


Un grand merci aux éditions ActuSF qui m'ont envoyé le livre avant sa sortie le 22 février prochain!


Rep : personnage principal sapphique.


TW : mort violente, mort et blessure par le feu, deuil.


un ebook affichant la couverture du livre est posé sur une surface de bois sombre entouré de pivoines blanches en fleur et en bouton.

Les Nuits bleues, Anne-Fleur Multon · 2022


Raconter les émois et les désirs d'une relation naissante au moment où tout contact est proscrit, voilà un des enjeux du texte d'Anne-Fleur Multon. Elle peint, dans un Paris déserté par le confinement, la rencontre et l'amour qui éclot entre deux femmes, dépouillant le texte de tout le superflu pour que ne reste que les émotions et les sensations crues. Le récit se fait poème, abandonnant des phrases pour mieux rebondir et filant de pensée en pensée, de non-dit en dit.


Ce joli roman est une bulle ouatée. Il n'est jamais voyeur mais scrute les plis et les respirations de ces corps qui s'aiment.


TW : scènes de sexe explicite


Rep : couple lesbien.


Une liseuse montrant la couverture du livre est posée sur un lit, encadrée par les pieds de la lectrice dans leurs chaussettes blanches à petits motifs oranges et gris.


The Raven Boys, Maggie Stiefvater · 2012


The Raven Boys était l'un de mes livres favoris de 2020 (ou était-ce 2019?) et je suis ravie de pouvoir affirmer que d'une part c'est toujours un favori, et d'autre part il est toujours aussi difficile à décrire, donc je m'arrêterais bien là pour mon avis mais ça ne serait pas très utile. A la place, je vais plutôt vous dire qu'on y trouve des thèmes comme la famille trouvée, la dark academia, la mort, les prophéties, les légendes galloises et une amitié plus forte que la mort, dans le décor d'une petite ville des Etats-Unis. Le roman est très binaire, dans le sens où il voit s'opposer d'un côté Blue et sa famille / son cercle de voyantes, toutes des femmes, envers qui elle joue le rôle d'une caisse de résonnance en amplifiant les énergies autour d'elles, et de l'autre côté ce quator soudé de quatre garçons perdus enrôlés au lycée élitiste du coin. Voir les deux univers se confronter, se jauger et se traiter avec respect même si les personnes ne partagent pas les mêmes valeurs est une immense source de joie. Voir les "raven boys" se planter mais se soutenir les uns les autres est touchant. Et les voir faire une place à Blue dans leur groupe est réjouissant.


Ce roman est une histoire bien sombre à travers ses thèmes et ses personnages qui ont clairement besoin d'un psy, mais il y a beaucoup de lumière qui se dégage de leurs relations et du soutien qu'ils reçoivent et qu'ils accordent.


PS : bien qu'il n'y ait pas de représentation queer affirmée à part une mention discrète, il règne quand même une atmosphère assez queer que je ne saurais pas vraiment expliquer. Les choses vont peut-être s'éclaircir dans les prochains volumes. Il est en tout cas assez clair que tout le monde est blanc.


CW : tentative de suicide (mentionnée), violence domestique, mort, relations toxiques.


le livre est posé sur uen table en bois à côté d'un bouquet de fleurs séchées. Un tissu à motifs occupe l'arrière-plan.


La Bibliothèque de minuit, Matt Haig · 2020


Pour une fois je mets les avertissements de contenu avant ma chronique car il va en être question : Mort d'un animal de compagnie, pensées suicidaires, tentative de suicide, dépression.

Mentions de : mort d'un proche, drogues (overdose), incendie, alcoolisme, accident de voiture.


A voir la couverture colorée et la critique sur la quatrième de couverture ("une lecture [...] pleine de chaleur et d'humour"), je pensais passer un moment un peu profond mais aussi un peu léger et doucement philosophique. A la place, j'ai découvert un récit touchant et philosophique, mais d'une profonde tristesse et qui m'a paru assez désespérant.


Je suis certaine que La Bibliothèque de Minuit est un livre caméléon, qui provoque des réactions diamétralement opposées en fonction de l'état d'esprit de la personne qui le lit. Si j'avais lu ce livre dans un autre état émotionnel, je l'aurai peut-être trouvé plein de "chaleur" et d'"humour. Le fait est que, lorsqu'à la troisième page, il est déjà question d'un chat qui vient de mourir, ma relation avec le livre part sur des bases pour le moins... compliquées.


Certes, le personnage principal évolue dans une direction plus saine, sa relation avec elle-même tend à s'appaiser, mais je rechigne quand même à qualifier ce livre d'optimiste. Je suis tout simplement passée à côté, mais je me console en constatant qu'il a fonctionné pour plein d'autres personnes.


le livre est posé à l'avant d'une bibliothèque. Une branche d'eucalyptus séché passe devant la couverture.

 

Pour des avis plus fréquents sur mes lectures, je vous invite à aller faire un tour sur mon compte Instagram (il n’est pas obligatoire de s’inscrire) : https://www.instagram.com/mariebreta/.


Qu'avez-vous lu en janvier?

Avez-vous des résolutions de lecture?

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